Kenosha (© 2020 Afriquinfos)- Trois mois après le décès de George Floyd sous les genoux de policiers et la naissance du mouvement «Black lives matter», la colère est à nouveau d’actualité aux Etats-Unis après une nouvelle bavure policière. A Kenosha (dans le Wisconsin, nord-ouest des USA), Jacob Blake, un père de famille, est entre la vie et la mort après que des policiers lui aient tiré dessus à 7 ou 8 reprises lors d’une intervention. Depuis, des émeutes ont éclaté et la Garde nationale a été sollicitée pour ramener le calme dans cette ville du Wisconsin.
Depuis la diffusion d’une vidéo amateur montrant un policier blanc tirer à bout portant 7 balles sur le jeune homme noir dans la localité de Kenosha, les mouvements de protestations contre le racisme et les discriminations dont est victime la communauté afro-américaine ont repris de plus belle. Si le calme y est revenu ces dernières 48 heures, la ville de Kenosha où s’est produit l’incident a connu de violentes manifestations ! Au point où, un couvre-feu y a été décrété dès 20 h et le Gouverneur du Wisconsin, le démocrate Tony Evers, a fait appel à 125 officiers de la Garde républicaine.
Lundi dernier, ceux qui ont osé sortir ont essuyé des tirs de gaz lacrymogènes. La contestation s’est depuis propagée, notamment à Minneapolis où avait été tué George Floyd. Cette nouvelle bavure policière a provoqué un mouvement de boycottage sans précédent dans le monde du sport américain. Protestant contre les tirs de policiers sur Jacob Blake, les Milwaukee Bucks ont boycotté leur match de playoffs mercredi 26 août, suivis par d’autres équipes de base-ball, de football et le tournoi de tennis de Cincinnati. Du jamais-vu.
Le racisme policier relance un vieux débat national aux USA
En quelques heures, le mouvement lancé par les basketteurs de Milwaukee a fait tache d’huile, après avoir contraint la National Basketball Association (NBA) à reporter deux autres rencontres également prévues mercredi dernier, Houston vs Oklahoma City et Los Angeles vs Portland, les joueurs de ces équipes ayant également opté pour un boycottage. Les stars de la NBA, en première ligne, le joueur vedette des Lakers Lebron James, se sont fendus de réactions sur les réseaux sociaux réclamant justice et de véritables changements sociaux.
Le policier ayant tiré à sept reprises dans le dos du jeune homme, Rusten Sheskey, et l’un de ses collègues ont été placés en congés administratifs, ravivant la colère des manifestants réclamant leur inculpation. Mercredi soir encore, bravant le couvre-feu, des manifestants criaient «Pas de justice pas de paix !» dans la ville de 100.000 habitants. Deux manifestants ont en outre été tués et un adolescent de 17 ans soupçonné d’être l’auteur de tirs sur les manifestants a été arrêté.
Le gouverneur démocrate du Wisconsin a qualifié « le racisme de crise de santé publique et appelle à agir« . En juin dernier, il avait déjà lancé la réforme de la police après les manifestations du mouvement ‘Black Lives Matter’ et la mort de George Floyd. Ce 27 aout, Tony Evers a confié sur le sujet: « Nous devons entamer le long mais important chemin pour que notre État et notre pays commencent à tenir leurs promesses d’équité et de justice« .
Les futurs adversaires à l’élection présidentielle des Etats-Unis se sont évidemment invités dans ce débat racial. D’un côté, le président sortant Donald Trump qui comme à son habitude s’en est pris plutôt aux manifestants que de réagir au sujet de l’incident impliquant les policiers blancs. «Nous ne tolérerons pas les pillages, les incendies criminels, la violence et l’anarchie dans les rues américaines», a tweeté le milliardaire républicain en promettant, selon son slogan de campagne pour la présidentielle du 3 novembre, de «rétablir la LOI et l’ORDRE !» à Kenosha.
De son côté Joe Biden s’est voulu compatissant. Le candidat démocrate à la présidentielle a indiqué mercredi dernier avoir parlé et promis «justice» à la famille de Jacob Blake. «Une fois de plus, un homme noir, Jacob Blake, s’est fait tirer dessus par la police. Sous les yeux de ses enfants. Cela me rend malade», a-t-il tweeté.
Boniface T.
