Le Cameroun se fixe l’objectif d’investissements économiques de 10%du budget annuel de l’Etat

Afriquinfos Editeur
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Selon la Banque mondiale, ce pays d'Afrique centrale attirait en 2011 moins de 5% d'investissements directs étrangers (IDE) par rapport au budget public.

La nouvelle stratégie gouvernementale pour la croissance et l' emploi adoptée en 2009 avec un objectif de croissance économique annuelle de 5,5% sur la période 2010-2020 projette de porter à 10% ce taux d'IDE associés aux investissements nationaux.

C'est le but recherché par la mise en place d'une plateforme de gestion et de suivi des investissements visant à faciliter la prise de décisions par les pouvoirs publics dans l'élaboration des politiques économiques et l'ensemble des acteurs du monde des affaires dans leurs choix d'investissements, selon le ministre camerounais des Mines, de l'Industrie et du Développement technique, Emmanuel Bondé.

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Cet instrument résulte d'un programme de l'ONUDI pour la promotion des investissements en faveur de 20 pays africains, à savoir le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Cap-Vert, la Côte d'Ivoire, l'Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Nigeria, l'Ouganda, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie et la Zambie.

Depuis son approbation en 2008 par la Conférence des ministres africains de l'Industrie comme élément central du "Développement industriel accéléré de l'Afrique" (AIDA), le programme a réalisé quatre enquêtes auprès des investisseurs pour évaluer les perceptions, les performances et les projets des différents types d'investisseurs et étudier l'impact de leurs activités sur les objectifs de développement socioéconomique des pays d'accueil.

En marge de la dernière enquête menée entre 2010 et 2011, quelque 7.000 entreprises ont été interrogées, dont 64% d' entreprises nationales et 36% d'entreprises partiellement ou totalement étrangères, révèle l'ONUDI, pour qui "au cours des trois années à venir, les investisseurs étrangers de l'échantillon ont prévu de faire environ 11 milliards USD d'investissements, et les investisseurs nationaux 9 milliards d'USD d'investissements".

"Ces montants, précise l'organisme onusien, sont bien plus importants que les flux d'IDE relevés en 2009 dans les 19 pays (la Côte d'Ivoire non incluse, NDLR) de l'enquête. Ils s'élevaient en effet à 1 milliard d'USD pour l'Afrique australe, 1 milliard d'USD pour l'Afrique de l'Est et 3,5 milliards d'USD pour l'Afrique de l' Ouest".

Contre 15 à 16% des entreprises participantes qui indiquaient dans les enquêtes précédentes que leurs performances étaient au- delà ou très au-delà de leurs attentes, dans l'édition 2010, plus de 22% des répondants ont confirmé que c'était le cas, soit un résultat particulièrement remarquable dans le contexte de la crise

financière mondiale, souligne l'ONUDI.

Elle précise par ailleurs qu'"en 2001, près de 47 pour cent des entreprises interrogées indiquaient que leurs performances étaient inférieures ou très inférieures à leurs attentes, mais dans la dernière enquête, cette valeur est descendue à 32 pour cent".

Parmi les 7.000 entreprises mentionnées, 230 ont été enregistrées au Cameroun (sur des milliers d'entreprises déclarés dans le pays), selon le directeur général de l'Agence de promotion des investissements (API), Marthe Angeline Minja.

"C'est quelque chose qui n'est pas figé. Il faut que les entreprises continuent à adhérer au programme", affirme celle-ci.

Pour 2013, près de 200 autres entreprises sont annoncées.

"De toute manière, les informations auprès d'une entreprise, il faut les actualiser tout le temps. Nos entreprises peuvent entrer dans la plateforme, avoir des informations d'une entreprise du même secteur et détecter quels sont les goulots d'étranglement, qu' est-ce qui empêche que leur entreprise n'ait pas les mêmes performances que l'entreprise qui se trouve par exemple au Mali", explique Minja.

Selon elle, "on a constaté également qu'il y a un déficit d' informations, que nos entreprises n'ont pas du tout d'informations sur l'environnement de leurs propres secteurs. Maintenant grâce à cet instrument qui est mis à leur disposition, elles pourront améliorer leurs performances. Ça concerne également le gouvernement qui peut revoir ses politiques en matière d' investissements et d'opportunités d'affaires aussi".

Avec moins de 3% d'apport au commerce mondial selon les études, les économies africaines sont réputées vulnérables en raison d'une dépendance extrême vis-à-vis de l'exportation des ressources naturelles et des produits de base. Pour les spécialistes pourtant, sans valeur ajoutée, l'Afrique ne peut pas profiter au maximum de l'abondance de ses matières premières.

Pour favoriser la prospérité, recommande l'ONUDI, il faut attirer des investissements, afin de maintenir la croissance tout en stimulant la diversification industrielle.

"Les politiques qui encouragent la diversification industrielle, notamment grâce à une forte croissance des exportations de produits manufacturés, peuvent être efficaces pour relever le niveau de vie et intégrer d'importants segments de la population dans le secteur structuré de l'économie", indique l'ONUDI.

Tidiane E. Boye, spécialiste du développement industriel au sein de l'ONUDI à Vienne en Autriche, explique que la plateforme de gestion et de suivi des investissements présentée le 1er novembre à Yaoundé vise à renforcer la compétitivité des entreprises grâce à un instrument leur permettant d'avoir des partenaires, de pouvoir être mieux informées et mieux motiver leurs décisions d'investissement.

"Nous avons mis en place un certain nombre d'instruments tels que le réseau des affaires qui vont profiter aux entreprises à travers notamment la possibilité pour elles d'avoir donc des opportunités d'affaires et aussi d'avoir des informations sur les conditions d'investissement non seulement au Cameroun, dans d' autres pays africains également et la possibilité bien entendu de se connecter avec des entreprises étrangères qui sont à l' extérieur", informe-t-il.

"Notre objectif, c'est d'augmenter le nombre d'entreprises camerounaises et étrangères au Cameroun qui participent à cette enquête", a-t-il souhaité.