Bissau (© 2019 Afriquinfos)- Une délégation ministérielle de la Cédéao s’est rendue ce dimanche 3 novembre en Guinée Bissau en vue de tenter de résoudre la crise au sommet de l’Etat. La délégation a fait un tour de table complet en rencontrant les protagonistes et convoque un sommet extraordinaire sur la crise politique le 8 novembre prochain à Niamey au Niger.
Le rendez-vous entre la délégation de la Cédéao et le président a duré une demi-heure environ, a indiqué Kalla Ankoura, ministre des Affaires étrangères du Niger, qui a mené cette délégation. « Nous avons rencontré le chef de l’État, qui nous a donné les raisons pour lesquelles il a eu cette réaction, qui tient surtout à des rapports internes entre les deux. Nous lui avions fait comprendre que la légalité doit pouvoir continuer à prévaloir. Il y a un sommet le 8, le chef de l’État sera à Niamey. Les chefs d’État lui donneront la primeur de leur décision finale. »
Le pays a actuellement deux Premiers ministres et deux gouvernements, alors que la campagne pour la présidentielle du 24 novembre a débuté ce week-end.
Le nouveau gouvernement bissau-guinéen de Faustino Fudut Imbali nommé par le président José Mario Vaz, investi le 31 octobre 2019 à Bissau, est «illégitime» selon la Cédéao, qui entend d’ailleurs rester ferme pour faire respecter sa feuille de route.
A moins d’un mois de la présidentielle du 24 novembre, le pays a deux Premiers ministres et deux gouvernements : celui d’Aristides Gomes, limogé par le président, mais soutenu par l’organisation ouest africaine et la communauté internationale. Et celui de Faustino Imbali, nommé par le chef de l’Etat José Mario Vaz.
Pour la communauté ouest-africaine, José Mario Vaz également candidat indépendant à la présidentielle – a pris des décisions « illégales ». La feuille de route de l’organisation résulte du sommet de fin juin : La Cédéao avait autorisé le chef de l’Etat, dont le mandat a expiré plus de quatre mois, à rester en poste, mais avec des pouvoirs réduits.
Dans le camp du président, on parle d’« ingérence ». « La communauté a des préoccupations mais pour nous, les Guinéens, l’essentiel c’est la Guinée-Bissau, estime Monsieur Mané, secrétaire général de la campagne de José Mario Vaz. C’est un pays libre et indépendant. On peut écouter les conseils mais on est autodéterminés aussi. »
Pour le gouvernement limogé en début de semaine revanche, la Cédéao est un soutien de poids. L’équipe d’Aristides Gomes, dirigée par le PAIGC et ses alliés, espère que l’organisation rappellera clairement les règles fixées. Des sanctions sont déjà évoquées.
Le gouvernement nommé jeudi a demandé à rencontrer la délégation ouest africaine. Mais considéré comme « illégitime » par la Cédéao, il n’a pas été convié aux discussions.
Mais José Mario Vaz, lui, semble déterminé. Le président a lancé sa campagne pour la présidentielle dimanche après-midi à l’est du pays. Devant ses militants, il a qualifié ses récents décrets d’« irréversibles », et mis en avant son titre de chef suprême des armées. Un ton menaçant, à l’approche du scrutin. De son côté la Cédéao met en garde les 12 candidats en lice : tous ceux qui perturberont le processus électoral s’exposeront à des sanctions.
Innocente Nice