L’énorme chantier a débuté en 2008, et a été inauguré le 21 février dernier avec la présence du président nigérian, Goodluck Jonathan, et celle de l’ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton. Aujourd’hui ce sont 5 km² de sable qui ont été récupérés au fond de l’océan.
Eko est le nom de la ville de Lagos en yoruba. C’est un projet gigantesque qui est visible de l’espace, et qui permet de constater que l’île à retrouver le tracé qui était le sien il y a un siècle. L’île qui fonctionnera de façon autonome disposera de luxueux appartements, de trois marinas, de centres commerciaux et de bureaux.
A terme, cette île devrait s’étendre sur 10 km² et pourra accueillir 250 000 habitants et 150 000 travailleurs. Ce projet est présenté comme un plan de sauvetage pour la métropole de Lagos et sa lagune car les terres sont progressivement englouties avec les vagues de l’Atlantique. Mais surtout « le grand mur du Lagos » combine protection contre l’océan, un espace habitable et éventuellement une place financière rentable : « Vous vous êtes dit, protégeons-nous et construisons quelque chose de beau, de durable , et qui va créer des opportunités, de l’emploi, et de nouvelles aspirations (…) et de faire de cette nation une nation du 21é siècle », lança Bill Clinton à l’inauguration.
Bill Clinton dès 2009 affichait son soutien en déclarant que c’était l’un des projets les plus enthousiasmant et ambitieux d’Afrique : « Je pense que d’ici cinq ans les gens viendront de partout juste pour admirer ».
Ce sont deux frères d’origine libanais, Ronald et Gilbert Chagoury, d’importants hommes d’affaires nigérians, qui sont à l’origine du projet de plusieurs milliards d’euros, à travers South Energy, une des filiales de leur groupe. Un consortium de compagnies dirigées par le groupe Chagoury gère le plus gros des travaux, la China Communications Construction travaille sur le dragage, les Néerlandais de Royal Haskoning sur l’ingénierie hydraulique et trois banques nigérianes participent à l’opération ainsi qu’une banque française, la BNP Paribas.
Il est important de souligner que Gilbert Chagoury figure parmi les plus gros donateurs de la fondation Clinton, à laquelle il a contribué à hauteur d’environ 4 millions d’euros, selon les données publiées sur le site internet de l’organisation.
Sur son site internet Eko Atlantic n’appuie que les points positifs du projet afin d’attirer encore des investisseurs, qui pourraient gagner jusqu’à 5 milliards d’euros si le projet réussi. Mais de nombreux inconvénients environnementaux et sociaux sont à retenir : marrées plus fortes, érosions des côtes, et expulsions d’habitants.
Le nouveau carrefour des affaires qui répondra aux standards internationaux et où tout sera privatisé, même la sécurité, deviendra sûrement le symbole du fossé qui se creuse entre riches, dont une élite corrompue que dénoncent certains, et pauvres qui seront concentrés dans des bidonvilles, la population nigériane doublant d’ici 2015. Aujourd’hui ce sont 160 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et qui ne profiteront pas des bénéfices de cette ville, ou du moins indirectement.