Sècheresse à Maurice : la déforestation mise en cause (étude)

Afriquinfos Editeur
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Près de 300 hectares de forêts ont disparu autour de Mare-aux- Vacoas le principal réservoir situé dans le centre de l'île et qui approvisionne presque la moitié de la population.

Maryse Chung Tze Cheong, chercheuse au MSIRI explique que l' étude de l'utilisation des terres s'est basée sur un relevé cartographique étalé entre 1991 et 2010.

Cette déforestation a été le résultat d'abattage d'arbres à des

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fins agricoles, explique-t-elle. Il y a aussi un nombre croissant de chassés dédiés à la chasse aux cerfs qui se sont implantés autour du réservoir.

Pour le directeur de l'autorité responsable de la distribution de l'eau (Central Water Authority), il est scientifiquement prouvé que les forêts attirent les pluies.

"S'il y a déboisement et qu'en plus le pourcentage de routes asphaltées augmente, cela a forcément un impact", affirme Prem Saddul lui-même scientifique de renom.

Selon lui il y a lieu de faire une étude pluridisciplinaire pour expliquer la situation de Mare-aux-Vacoas.

"Si la pluviométrie déficitaire de ces trois dernières années est la cause principale de la sécheresse, elle ne peut pas être la seule cause", soutient-il.

Les grosses pluies qui se sont abattues sur l'île semblent donner raison aux scientifiques. En effet depuis mercredi plusieurs régions au nord, au sud, à l'est et aussi à l'ouest, généralement très aride, ont été copieusement arrosées avec parfois des inondations. Toutefois, la partie centrale est restée étonnement sèche.

Pour le scientifique Vikash Tatayah, responsable de la Mauritius Wildlife Society, le phénomène de déboisement remonte aussi longtemps que 1970 quand dans le cadre du projet Travail pour tous dans l'île Maurice nouvellement indépendante, 4.500 hectares de forêts indigènes ont été remplacés par des pins.

"Or les pins sont gourmands en eau, ce qui diminue la quantité qui aurait été dirigée vers le réservoir", explique-t-il.

Dans les années 90, une deuxième vague de déforestation est enclenchée par les maraîchers qui remplacent les arbres par des cultures agricoles.

Les récoltes fréquentes ajoutent à une élimination massive de l' eau sur ces terres. Aujourd'hui, la Mare-aux-Vacoas ressemble à une vaste étendue de terre aride craquelée avec moins de 26% d'eau, soit moins de trois mois de réserve.