Tanzanie/Locales 2024: L’opposant Freeman Mbowe de nouveau interpellé ce 22 novembre

Afriquinfos Editeur
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Tanzania Chadema party chairman Freeman Mbowe (C) arrives at the party's headquarters after being released from Segerea prison in Dar es Salaam, Tanzania, on March 13, 2020. - Chadema party, the main opposition movement challenging Tanzania's powerful ruling CCM party, paid his fine of 70 million Tanzanian Shillings (about 30,400 USD) which collected by online fund-raising. A court in Tanzania on March 10, 2020, ordered a group of opposition lawmakers and other co-accused to pay a fine or serve five months prison on charges related to a banned demonstration. (Photo by Ericky BONIPHACE/ AFP).

Le chef du principal parti d’opposition tanzanien Freeman Mbowe a été arrêté vendredi 22 novembre 2024 avec d’autres responsables après que la Police a dispersé un rassemblement ‘à l’aide de gaz lacrymogènes’, à quelques jours des élections locales 2024.

La formation Chadema avait déjà protesté plus tôt cette semaine contre la disqualification « injuste » de plusieurs de ses candidats à la veille d’un scrutin dans les villes et villages du pays. Les élections du 27 novembre sont attendues comme un baromètre du paysage politique avant la présidentielle prévue en octobre 2025 dans le pays.

Freeman Mbowe, chef du principal parti d’opposition tanzanien Chadema, lors d’un rassemblement à Mwanza, le 21 janvier 2023.

‘La Police a tendu une embuscade à un convoi dans la forêt de Halungu’, dans l’ouest du pays, ‘et a arrêté le président national du parti, Freeman Mbowe, ainsi que plusieurs autres dirigeants qui l’accompagnaient’, a déclaré sur X John Mrema, porte-parole du parti. ‘La Police a emmené nos dirigeants sans dévoiler leur destination’, a-t-il ajouté, appelant à leur libération.

M. Mrema a également déclaré qu’avant son arrestation, M. Mbowe avait été empêché par les forces de l’ordre de prendre la parole lors d’un rassemblement de ses partisans dans la ville de Mlowo, dans le sud du pays. Les policiers sont alors intervenus et ont ‘dispersé la foule rassemblée à l’aide de gaz lacrymogènes’, selon le parti. La Police a confirmé détenir M. Mbowe et ses collègues, les accusant d’avoir violé le calendrier des rassemblements en tentant d’organiser ‘un rassemblement dans une zone qui n’était pas prévue pour le Chadema’.

‘Nous les détenons pour les interroger et mener des enquêtes car certains officiers ont été blessés par les partisans de l’opposition alors qu’ils dispersaient la foule’, a déclaré dans une vidéo le chef de la Police régionale de Songwe, Augustino Senga.

Des policiers déployés dans les rues avant une manifestation contre l’enlèvement et le meurtre présumés de membres de l’Opposition à Dar es Salaam, le 23 septembre 2024 en Tanzanie.

– Répression politique –

La Tanzanie connaît ces derniers mois une intensification de la répression politique. Le parti Chadema accuse les forces de sécurité d’être impliquées dans les disparitions de plusieurs de ses membres et dans le meurtre d’Ali Mohamed Kibao, un de ses dirigeants retrouvé mort le 7 septembre 2024. M. Mbowe avait déjà été brièvement arrêté fin septembre 2024 aux côtés de dizaines de personnes lorsque la Police tanzanienne avait empêché une manifestation de leur parti à Dar es Salam.

Une responsable du parti a également affirmé avoir été enlevée et torturée le mois dernier par des individus qui se sont présentés comme des officiers. Le scrutin local sera le premier test pour la Présidente Samia Suluhu Hassan, qui a pris ses fonctions à la suite de la mort soudaine de son prédécesseur John Magufuli en mars 2021. Mme Hassan avait montré des signes d’ouverture démocratique à son arrivée au pouvoir en mars 2021, en rouvrant rapidement, par exemple, des médias interdits.

Mais la Présidente fait face ces derniers mois à de vives critiques, l’accusant de revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur à l’approche des élections locales de novembre 2024 et générales de fin 2025.

Deux anciens députés de l’opposition, Joseph Mbilinyi et Paschal Haonga, ainsi que des responsables des médias et des assistants personnels de Mbowe, ont également été arrêtés vendredi 22 novembre 2024, ainsi qu’un chef district d’un autre parti d’opposition, selon M. Mrema. Les dirigeants ont rencontré un barrage routier mis en place par des véhicules de Police, selon le porte-parole.

‘La Police a ouvert de force les portes des voitures, a agressé les personnes à l’intérieur et les a arrêtées de force’, a-t-il narré. Le parti Chadema a condamné un acte qui selon lui « démontre clairement un effort coordonné » de la Police et du parti au pouvoir ‘pour saper les campagnes de notre parti’. Chadema a également invité la communauté internationale à ‘être témoin des violations continues des droits démocratiques contre les partis d’opposition lors de ces élections’.

© Afriquinfos & Agence France-Presse