2,6 millions de Botswanais déterminés à jouir des fruits de l’alternance pacifique sous le l’UDC hic et nunc

Afriquinfos Editeur
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Le Président nouvellement élu, Duma Boko, s'adresse aux médias après avoir prononcé son discours d'acceptation à Gaborone, le 1er novembre 2024 au Botswana.

Le nouveau Gouvernement du Botswana va devoir se retrousser les manches sans tarder pour répondre aux fortes attentes de changement des électeurs qui lui ont permis de balayer le parti au pouvoir depuis près de 60 ans, soulignent des analystes.

Des partisans de l’Umbrella for Democratic Change (UDC) dans les rues de Gaborone, le 1er novembre 2024, 2024 au Botswana.

‘La fin d’une erreur’, titrait le journal indépendant ‘Mmegi’ à propos de la passation de pouvoir éclair au cours de laquelle le nouveau Président Duma Boko, 54 ans, a prêté serment vendredi 1er novembre 2024, deux jours après la victoire écrasante de son parti aux élections générales. ‘Il est la pointe de la flèche qui a tué le mastodonte de la politique botswanaise’, estime le journal à propos de cet opposant de longue date, avocat des droits humains et diplômé d’Harvard.

Son parti classé à gauche, l’UDC (Umbrella for Democratic Change -UDC-), a ‘enthousiasmé les jeunes et son message semble trouver un écho auprès des pauvres et des travailleurs’, note-t-il. L’UDC a obtenu la majorité absolue au Parlement monocaméral avec 36 sièges sur 61, selon le comptage finalisé samedi 2 octobre 2024. Face a lui, le BDP (Parti démocratique du Botswana), qui tenait fermement le pouvoir depuis l’indépendance acquise du Royaume-Uni en 1966, n’a sauvé que six sièges.

Peu de gens avaient vu venir cette déroute historique, et encore moins le Président sortant Mokgweetsi Masisi, 63 ans. ‘Nous avons eu tout faux aux yeux du peuple’, a-t-il concédé vendredi 1er novembre en reconnaissant rapidement sa défaite. ‘C’est un tremblement de terre politique imprévu’, estime l’analyste politique indépendant Olopeng Rabasimane.

‘Le changement est là’, a titré le journal ‘The Voice’, en estimant que la présidence de Duma Boko, au vu des promesses de campagne de l’UDC, pourrait permettre de transformer le Botswana. Parmi les ambitieux engagements de l’UDC figurent la création de 500.000 emplois et la construction de 100.000 logements en cinq ans, une baisse de 30% des prix de l’eau et de l’électricité. Ou encore la mise en place d’une assurance-maladie pour tous les citoyens.

Dans son discours d’investiture ce 1er novembre, M. Boko a déclaré qu’il souhaitait introduire un salaire minimum de 4.000 pulas (près de 280 euros) et stabiliser les relations avec les partenaires de l’industrie du diamant, principale source nationale de revenus. Mais il souhaite également diversifier l’économie, ébranlée sous l’unique mandat de M. Masisi par la chute des ventes de diamants.

Les 2,6 millions de Botswanais s’inquiètent notamment du fort taux de chômage national (près de 27%, et 38% chez les jeunes), et des inégalités importantes entre la minorité riche et les nombreux pauvres.

Des partisans de l’Umbrella for Democratic Change (UDC) rassemblés dans les rues de Gaborone, le 1er novembre 2024, au Botswana.

– Douche froide –

Toutefois l’Administration Boko sera rapidement confrontée à une dure réalité, estime Keith Jefferis, économiste indépendant et ancien fonctionnaire du Gouvernement du Botswana. ‘Ils arrivent au pouvoir à un moment où les finances publiques sont en très, très mauvais état, en partie parce que les Gouvernements précédents ont trop dépensé pendant des années‘, explique-t-il à l’AFP. ‘En plus de ça, le marché du diamant est dans un état déplorable, il n’y a donc pas beaucoup d’argent disponible‘.

La nouvelle équipe devra selon lui ‘très rapidement procéder à des coupes budgétaires assez radicales… avant même de commencer à réfléchir à la manière de financer toutes ses promesses ambitieuses’. Les attentes sont fortes après le raz-de-marée électoral qui a porté l’UDC au pouvoir, avec une très forte participation (80% des plus d’un million inscrits). ‘Pour Boko et l’UDC, le mandat est clair et net: tenez vos promesses ou vous risquez de subir le même sort que le Président Masisi et le BDP‘, note M. Rabasimane. ‘La tâche qui l’attend est gigantesque, mais pas insurmontable. La balle est dans son camp et l’horloge tourne’, a-t-il ajouté.

La révolution a été ‘offerte à la nation par les jeunes de ce pays’, souligne de son côté le journal ‘Mmegi’. ‘Les membres du nouveau Gouvernement doivent savoir que ces jeunes les ont mis en garde. S’ils ne travaillent pas vraiment pour eux, ils les renverront chez eux en 2029‘. ‘Les nouveaux dirigeants n’ont pas beaucoup de temps. Ils doivent se mettre au travail sans tarder’, conclut-il.

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