Le Botswana, fierté continentale pour les vertus démocratiques claudiquant en Afrique

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Le candidat à la Présidence du parti d'opposition de gauche Umbrella for Democratic Change (UDC), Duma Boko (g), dépose son bulletin dans l'urne à Gaborone, au Botwana, le 30 octobre 2024.

Le principal parti d’opposition au Botswana a remporté vendredi la majorité absolue aux élections législatives, qui marquent une déroute historique du parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays il y a près de 60 ans.

‘Nous sommes tout à fait heureux de nous retirer pour devenir une opposition loyale qui demande des comptes au Gouvernement’, a commenté avec élégance le dirigeant sortant de 63 ans, Mokgweetsi Masisi, qui a aussi tweeté ses ‘félicitations à l’opposition’. L’économie du Botswana, connu pour son tourisme nature et sa plus importante population d’éléphants au monde, repose principalement sur le diamant, de plus en plus concurrencé par des pierres de synthèse. Sa croissance poussive est attendue à 1% pour 2024.

Un fonctionnaire électoral actualise feuille de comptage pendant le processus de dépouillement des votes dans un bureau installé dans une école à Gaborone, au Botswana, le 31 octobre 2024.

‘Je suis heureux qu’il y ait du changement, même si on ne voit pas ses effets tout de suite’, a confié à l’AFP un vendeur de rue, Isaac Morapedi, dans la capitale Gaborone. Selon les derniers résultats partiels transmis par les médias locaux vendredi 1er novembre, l’UDC obtenait 35 sièges, devant le Parti du Congrès du Botswana (BCP, 14 sièges), le Front patriotique du Botswana (BPF, 5) et le BDP de M. Masisi (4).

– Chômage et diamants –

‘Le changement est là’, a déclaré Duma Boko sur Facebook, alors que se dessinait nettement la victoire de son parti, fêtée dans la rue par des partisans de l’UDC flanqués de t-shirt à son effigie. Il a dit son ‘humilité’ et ‘son sentiment d’une immense responsabilité’, lors d’une rencontre avec la presse en fin de journée, saluant une ‘transition démocratique réussie, pacifique et ordonnée’.

Le Président élu a prêté serment dans l’après-midi devant la plus haute Cour du pays. Sa date de prise de fonction n’a pas encore été fixée. Plus d’un million de personnes étaient invitées à s’exprimer dans les urnes mercredi 30 octobre 2024, sur une population de 2,6 millions d’habitants. L’une de leurs principales préoccupations était le chômage en hausse (27%), surtout chez les jeunes (38%). Le Gouvernement sortant était également accusé de corruption et de mauvaise gestion, dans ce pays classé parmi les plus inégalitaires au monde.

La popularité du BDP a faibli au fil des décennies, passant pour la première fois sous la barre des 50% lors des élections de 2014, lorsque Ian Khama, fils du premier Président du Botswana, Sir Seretse Khama, était au pouvoir. Mais le parti s’attendait quand même à rester en place, Mokgweetsi Masisi ayant déclaré le jour du scrutin que la victoire ‘était certaine’. Ian Khama, très critique de son successeur, a mené une campagne énergique ces dernières semaines, qui a sans doute contribué à la victoire de l’opposition, soulignent des experts.

La victoire nette de l’opposition a surpris nombre d’experts. Cette ‘probabilité semblait très faible’, souligne l’économiste Keith Jefferies, qui évoque ‘un raz-de-marée d’électeurs qui ont changé d’allégeance’. ‘C’est un résultat considérable’, commente aussi Christopher Vandome, de la Chatham House. ‘On pensait que le BDP perdrait du terrain mais qu’il formerait tout de même un Gouvernement’.

© Afriquinfos & Agence France-Presse