Addis-Abeba (© 2024 Afriquinfos)- L’Éthiopie a un nouveau président depuis ce 7 octobre 2024. Il s’agit du ministre des Affaires étrangères, Taye Atske Sélassié. Ce dernier a été élu par le Parlement ce lundi. Il remplace Sahle-Work Zewde, première femme cheffe de l’État éthiopien, dont le mandat arrive à échéance à la fin de ce mois.
« Taye Atske Sélassié est élu nouveau président de la République fédérale démocratique d’Ethiopie » avec seulement cinq abstentions, a annoncé à l’issue du vote le président du Parlement, Tagesse Chaffo. M. Taye a ensuite prêté serment, en présence du premier ministre, Abiy Ahmed, avant de se voir remettre la Constitution par la présidente sortante.
Toutefois ce nouveau poste qu’occupe Taye Atske Sélassié est honorifique, car en Ethiopie, l’essentiel du pouvoir est détenu par le premier ministre.
Taye Atske Sélassié, 68 ans, succède à Sahle-Work Zewde, qui était devenue en 2018 la première femme à occuper le poste de présidente de ce pays d’Afrique de l’Est. Elle était l’une des deux seules femmes présidentes sur le continent africain, avec la Tanzanienne Samia Suluhu Hassan.
Sélassié devient ainsi le cinquième président de l’Ethiopie depuis l’adoption de la Constitution de 1995. Ce texte prévoit qu’un président peut être élu pour un maximum de deux mandats de six ans.
M. Taye avait été nommé en février 2024 au poste de ministre des affaires étrangères. Il occupait auparavant les postes de représentant pour l’Ethiopie aux Nations unies (depuis 2018) et d’ambassadeur en Egypte (2017-2018). Sahle-Work Zewde, diplomate de carrière, était entrée en fonction quelques mois seulement après l’arrivée au pouvoir du premier ministre Abiy Ahmed.
Ce dernier a reçu en 2019 le prix Nobel de la paix après son rapprochement avec l’Erythrée, près de deux décennies après une sanglante guerre entre les deux pays de la Corne de l’Afrique. Le pays d’environ 120 millions d’habitants a ensuite sombré dans une sanglante guerre qui a opposé pendant deux ans les forces fédérales aux rebelles de la région septentrionale du Tigré.
Même si la fonction de président, en Éthiopie, est totalement honorifique, le choix d’un diplomate à la tête du pays, n’est pas anodin.
Des tensions entre la présidente sortante et le premier ministre ?
Selon plusieurs medias, la présidente s’en est allée sans un mot. Seul le nouveau président Taye Atske Selassié s’est exprimé ce mardi au Parlement au moment de la passation. Les spéculations vont bon train sur les raisons du silence et du départ de Sahle-Work Zewde. D’autres affirment que l’ex-présidente ne s’entendrait plus avec le Premier ministre, Abiy Ahmed.
Des sources indiquent que Sahle-Work Zewde avait hâte que le mandat se termine. L’ancienne diplomate a de plus posté un message sibyllin sur X, 3 jours avant, faisant référence à la souffrance et au choix du silence.
Durant son mandat, Sahle-Work Zewde a déploré les conflits civils dans les deux plus grandes régions du pays, en Amhara et en Oromia. L’armée fédérale y affronte des milices locales, faisant des centaines de morts et y est accusée de crimes contre l’humanité. Sans jamais critiquer le gouvernement ouvertement, elle a appelé plusieurs fois à la paix et au dialogue et a déjà soulevé la nécessité pour les Éthiopiens de s’unir réellement et de construire un État légitime.
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