Berlin (© 2025 Afriquinfos)- Après le Royaume-Uni et le Canada, l’Allemagne a annoncé ce mardi 4 mars 2025 interrompre ses nouvelles aides au Rwanda, évoquant l’appui de l’armée rwandaise aux combattants du M23, qui mènent une offensive dans l’est de la RDC. Kigali a répliqué en demandant à Londres de lui verser le solde de l’accord avorté sur l’expulsion de migrants au Rwanda.
Les pays occidentaux font pression sur le Rwanda afin de faire taire les armes dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Berlin a annoncé mardi suspendre ses nouvelles aides au développement au Rwanda en raison de l’offensive du groupe M23 dans l’est de la RDC qui, selon les experts des Nations unies (ONU), est soutenue par des soldats rwandais. L’Allemagne emboîte ainsi le pas au Royaume-Uni et au Canada, qui ont pris des décisions semblables.
« Nous allons suspendre de nouveaux engagements financiers, revoir la coopération existante avec le gouvernement rwandais dans le domaine de la coopération au développement, suspendre la participation de haut niveau aux événements de politique de développement du gouvernement rwandais », a déclaré le ministère de la coopération allemand dans un communiqué.
Berlin a informé au préalable Kigali qui bénéfice d’une aide annuelle de 50 millions d’euros par an pour des projets liés au développement économique, à l’énergie, à la protection du climat ou à la production de vaccins.
Berlin a dans ses échanges avec Kigali demandé à nouveau le retrait des forces armées rwandaises de RDC et l’arrêt du soutien au M23. « Lors de l’entretien, il a également été souligné que les préoccupations rwandaises en matière de sécurité devaient être prises au sérieux et que l’Allemagne était également en contact avec la partie congolaise à ce sujet », a ajouté le ministère allemand.
Berlin a affirmé « condamner fermement » l’offensive, en particulier la prise des grandes villes de Goma et Bukavu, qu’il a qualifiée de « violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de » la RDC. Lors de son entretien avec les autorités rwandaises, Berlin a réitéré ses demandes, à savoir « le retrait des forces armées rwandaises et l’arrêt du soutien au M23 ».
Le Canada dénonce des « violations flagrantes »
Lundi, le Canada, par un communiqué de sa ministre des affaires étrangères, Mélanie Joly, et les ministres du développement international et du commerce international, a condamné « la présence des forces de défense rwandaises (FDR) en RDC et leur soutien au M23 ». Les ministres y affirment que la présence du Rwanda chez son voisin « constitue une violation flagrante de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC et de la Charte des Nations unies. »
Le texte précise que le Canada va notamment « suspendre la délivrance de permis pour l’export au Rwanda de biens et technologies réglementés », ainsi que les nouveaux projets économiques gouvernementaux, et revoir sa participation à des événements internationaux organisés au Rwanda.
Mardi, le ministère des affaires étrangères rwandais a réagi dans un communiqué à ces annonces, qualifiant ces critiques de « honteuses » et affirmant que les « mesures contre le Rwanda annoncées par le Canada ne résoudront pas le conflit ». « Le Canada ne peut pas prétendre saluer les efforts des acteurs régionaux dans le processus de paix quand il fait porter toutes sortes de violations au Rwanda », dit le texte.
Kigali réplique aux sanctions de Londres
Le Royaume-Uni a également décidé à la fin de février de « suspendre » la majorité de ses aides financières au Rwanda. En riposte, Kigali a déclaré lundi que Londres était tenu de lui payer le solde d’un accord controversé sur l’expulsion de migrants vers le Rwanda, abandonné par le Royaume-Uni l’année dernière. Cet accord, lancé en 2022 par le premier ministre Boris Johnson, n’avait jamais été concrétisé : en arrivant au pouvoir en juillet 2024, le premier ministre travailliste Keir Starmer avait estimé qu’il était « mort et enterré » avant même d’avoir commencé.
V.A.