Le M23 a assuré vouloir « libérer tout le Congo » lors de son premier meeting ce 06 février 2025 à Goma, ville conquise au prix de plusieurs milliers de morts, au moment où les Forces congolaises sont acculées par l’avancée du groupe armé et ses alliés rwandais dans l’est de la RDC.
Après s’être emparés la semaine dernière de la capitale de la province du Nord-Kivu, le M23 et les troupes rwandaises ont lancé mercredi 05 février 2025 une nouvelle offensive dans la province voisine du Sud-Kivu et conquis la cité minière, Nyabibwe à environ 100 km du chef-lieu Bukavu et 70km de son aéroport.

Le M23 a ainsi rompu un cessez-le-feu qu’il avait lui-même décrété « pour des raisons humanitaires » à partir de mardi 04 février 2025, après des combats à Goma qui ont fait au moins 2.900 morts, selon un bilan de l’ONU risquant encore de s’alourdir. Le groupe armé avait aussi affirmé n’avoir « aucune intention de prendre le contrôle » de Bukavu « ou d’autres localités ».
Selon des sources humanitaires et locales ce 06 février 2025, les FARDC (Forces congolaises) se préparent à une attaque sur Kavumu, où se trouve l’aéroport provincial. Du matériel et des hommes sont en cours d’évacuation avant d’être pris au piège par l’avancée du M23 et son allié rwandais, ont-elles ajouté. La prise de Kavumu, dernier verrou avant la capitale provinciale, marquerait un nouveau revers pour les FARDC et Kinshasa. « On veut libérer tout le Congo », a lancé à Goma le chef de la plateforme politico-militaire dont le M23 fait partie, Corneille Nangaa, devant des dizaines de milliers d’habitants convoqués dans un stade.
« Va à Kinshasa! Va à Kinshasa! », la capitale située à l’autre bout de cet immense pays, grand comme quatre fois la France, ont scandé des jeunes. Des hommes étaient passés mercredi 05 février 2025 dans les rues de Goma, cité d’un million d’habitants, signalant par hauts-parleurs que la présence à ce premier meeting était obligatoire. Sur requête du M23, les commerces sont restés fermés ce 06 février.
– Mandat d’arrêt –
Corneille Nangaa a réclamé une minute de silence pour les victimes des combats avant d’assurer que le groupe armé allait « chasser » le Président congolais Tshisekedi. « On va mettre en place une Police nationale, une administration et une justice », a-t-il assuré. Certains dans la foule arboraient des tee-shirts portant l’inscription « Gouverner autrement le Nord-Kivu ». La RDC a lancé mercredi 05 février 2025 un mandat d’arrêt international à l’encontre de Corneille Nangaa, selon un document judiciaire communiqué à la presse.
En plus de trois ans de conflit, l’Armée congolaise, réputée mal formée et minée par la corruption, n’a cessé de reculer dans l’est du pays, riche en ressources naturelles. La communauté internationale et des pays médiateurs comme l’Angola et le Kenya tentent de trouver une issue diplomatique à la crise, craignant un embrasement régional. Kinshasa a exhorté la communauté internationale à sanctionner Kigali, sans effet à ce stade.
« Nous voyons beaucoup de déclarations mais nous ne voyons pas d’actions », a déploré mercredi 05 février 2025 la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, après une entrevue à Bruxelles avec son homologue belge Maxime Prévot. Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame doivent participer samedi 08 février 2025 à Dar es Salaam à un Sommet extraordinaire conjoint de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). M. Kagame a déclaré mercredi 05 février avoir convenu avec le Président du Conseil européen Antonio Costa de la nécessité d’une « désescalade ».

Le Malawi a ordonné à ses troupes présentes au sein d’une mission des pays d’Afrique australe (SAMIDRC) de se préparer à se retirer, une décision visant à permettre « les négociations prévues en vue d’une paix durable », selon la Présidence. Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU doit par ailleurs se réunir en urgence ce 07 février 2025, à la demande de Kinshasa, pour évoquer la crise. Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), qui enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, a pour sa part assuré mercredi « suivre de près » la situation en RDC, où les informations faisant état d’exactions, de pillages et de viols se multiplient.

© Afriquinfos & Agence France-Presse