Selon des sources diplomatiques, la progression du M23 et des troupes rwandaises pourrait affaiblir le Gouvernement du Président congolais Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis 2019 et réélu pour un deuxième mandat en décembre 2023.
Kinshasa a exhorté la communauté internationale à sanctionner Kigali. « Nous voyons beaucoup de déclarations mais nous ne voyons pas d’actions », a déploré mercredi 05 février 2025 la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, à l’issue d’une rencontre à Bruxelles avec son homologue belge Maxime Prévot. Félix Tshisekedi et Paul Kagame doivent participer samedi 08 février 2025 à Dar es Salaam à un Sommet extraordinaire conjoint de l’EAC (Communauté des Etats d’Afrique de l’Est) et de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe).
Le Président Kagame a déclaré ce 05 février 2025 avoir convenu avec le Président du Conseil européen Antonio Costa de la nécessité d’une « désescalade » dans l’est de la RDC. « Nous avons discuté de la situation en RDC et convenu de la nécessité d’une désescalade efficace et d’une résolution du conflit qui donne la priorité au dialogue politique et assure une paix durable », a-t-il déclaré. Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU doit par ailleurs se réunir en urgence vendredi 07 février 2025, à la demande de Kinshasa, pour évoquer la crise. Le bureau du Procureur de la CPI (Cour pénale internationale), qui enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, a pour sa part assuré mercredi 05 février « suivre de près » la situation en RDC.
Parallèlement aux laborieux efforts diplomatiques, plusieurs pays voisins ont d’ores et déjà indiqué renforcer leurs défenses. L’Armée ougandaise a ainsi annoncé la semaine dernière qu’elle adopterait « une posture défensive avancée » pour « empêcher les nombreux autres groupes armés » opérant dans l’est de la RDC d' »exploiter la situation ».
Le Burundi a pour sa part accusé le Rwanda de « préparer quelque chose, et a affirmé n’avoir pas l’intention de « se laisser faire ». Dans cette région meurtrie par plusieurs décennies de conflit, Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses ressources naturelles. Le Rwanda nie et affirme vouloir y éradiquer des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.
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