Congo : L’heure de vérité a sonné pour les autorités

Afriquinfos Editeur
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Après l'inhumation officielle des victimes la veille, des voix se sont levées pour demander des comptes à l'Etat. « Les Congolais, même les moins touchés physiquement par ce qui s'est passé le 4 mars, sont tout-yeux, tout-ouïe ; ils attendent que des décisions importantes de l'exécutif soient mises en oeuvre avec courage et détermination », a écrit ce matin un chroniqueur du principal quotidien de cette ville, Les Dépêches de Brazzaville.

« La soif d'être consolés et rassurés », c'est ainsi que l'on peut exprimer ce que les Congolais, les parents des victimes de la tragédie de Mpila en premier, attendent de leurs autorités.

« Le gouvernement a certes bien organisé l'enterrement de nos frères morts, cela nous a conforté un peu. Mais, on veut encore qu' il fasse plus, on veut comprendre un peu dans quelles circonstances pareille accident est arrivé (..) », déclarait à Xinhua Théodore. Son frère mort dans ce drame a laissé une veuve et deux enfants, la maison familiale s'est littéralement effondrée, et il se pose plusieurs questions.

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« Jusqu'à quand va durer l'assistance aux familles affectées ? Est-ce que les indemnisations annoncées arriveront réellement aux concernés?… », se demandait t-il ensuite. Ce genre d' interrogations semblent être la préoccupation de tout un chacun, alors que la vie redémarre après le cauchemar.

« Les mots et le temps nous manquent pour énumérer ici les péchés de nos autorités (..) De la corruption à la concussion et la fraude, en passant par des décisions non éclairées par la puissance divine, l'injustice, etc. », lançait pour sa part un homme d'église pendant l'hommage officiel aux victimes. Il a estimé, lui aussi, que si le malheur arrive au peuple, ce pourrait être à cause des fautes des autorités tant politiques, administratives que militaires.

Le fait est qu'au Congo, même si elle l'accuse de laxisme et d' impunité, la population semble garder une certaine confiance envers son président, Denis Sassou N'Guesso. Mais, elle a par contre perdu toute foi dans les services étatiques. Par exemple, dans la gestion de la récente catastrophe, le passage du chef de l' Etat dans les hôpitaux et ses échanges avec les familles éprouvées,ont été ressentis comme des moments de réconfort pour ces esprits brisés. Mais, certains de ses ministres ont suscité des hués et même des jets de pierres à leurs sortie en public.

Des grands défis pour rétablir la confiance

Dans ces conditions, la plupart des Congolais redoutent que le gouvernement puisse mener à bien toutes les opérations préconisées pour rétablir la vie des personnes affectées par l'explosion du dépôt d'armement de Mpila, un quartier est de Brazzaville. Surtout, ils ne gardent que peu d'espoir de voir la vérité et les responsabilités être établies sur l'origine de ce qui a été présenté comme un accident.

Et pourtant, seuls les résultats d'une enquête bien menée, une indemnisation conséquente des familles affectées, et surtout une affirmation de l'autorité publique présageant que désormais les choses ne seront plus comme avant pourront, à l'heure actuelle, consoler les coeurs et rétablir la confiance entre administrateurs et administrés dans ce pays.

Dans certains milieux de la capitale congolaise, on parle déjà d'interpellations de personnes associées à la gestion de l' établissement central de réparation et rechange des armements et munitions d'où serait partie l'explosion. Mais cela ne semble rassurer personne. « Aucune enquête dans ce pays n'a donné de résultat », rétorquait Claude, un enseignant.

Ce dépôt d'armement construit depuis l'époque coloniale à la périphérie est de Brazzaville, non lion du fleuve Congo, s'est explosé le 4 mars des suites d'un incendie, selon la version officielle. Le souffle dû à l'explosion a occasionné d'importantes pertes humaines et matérielles dans cette zone autrefois non habitée, mais qui entretemps a été gagnée par une urbanisation mal maîtrisée.

Le bilan fait état de 223 morts, près de 2500 blessés et environ 15000 personnes sans abri vivant dans des sites créés par les autorités. Le 11 mars, 145 cadavres ont été inhumés en plein centre de Brazzaville, après une cérémonie officielle en présence de chef de l'Etat. Quelques dizaines de cadavres restent encore non identifiés, alors que plusieurs familles font état de disparitions de personnes en leur sein.