À 25 ans, Cindy Ngamba a inscrit son nom dans l’histoire de la boxe et des Jeux olympiques en remportant la médaille de bronze en demi-finale des -75 kg, pour l’équipe des réfugiés, la toute première depuis la création de cette équipe en 2015.
Cindy Winner Djankeu Ngamba, s’est battue pour l’or, mais s’est finalement inclinée en demi-finale face à la Panaméenne Atheyna Bibeichi Bylon. Une défaite aux allures de victoire, qui restera gravée dans les annales des jeux olympiques. « Cela représente tellement pour moi d’être la première réfugiée à gagner une médaille. Continuez à travailler dur, à croire en vous, vous pouvez atteindre ce que vous décidez », a-t-elle déclaré sur France 24.
De Douala au Royaume-Uni
Née à Douala, au Cameroun, elle arrive en France à l’âge de 9 ans avec sa mère et son frère. Deux années plus tard, la précarité de leur condition de vie oblige sa mère à envoyer ses enfants rejoindre leur père en Angleterre. Chez les Anglais, la native du pays de Samuel Eto’o sera confrontée aux vicissitudes de la vie et expérimentera le dicton «on n’est jamais mieux que chez soi».
Ne parlant pas anglais, elle s’habitue difficilement au climat et son surpoids en fait une cible de prédilection pour ses camarades de classe qui l’ont longtemps harcelée. « Quand je vivais au Cameroun, j’étais une enfant extravertie, pétillante et tout. Mais quand je suis arrivée en Angleterre, j’ai voulu devenir plus introvertie, je voulais me protéger, sûrement à cause de la barrière de la langue », a-t-elle ainsi relaté auprès de l’AFP.
Le désir de représenter les réfugiés

Le sport devient alors son échappatoire, et encouragée par son frère, elle intègre à 15 ans un club de boxe. Quatre ans plus tard, elle remporte son premier combat amateur et enchaîne les titres. Cindy Ngamba devient championne du Royaume-Uni des moins de 81 kilos, puis des moins de 75 kilos et en 2023 des moins de 70 kilos.
Alors qu’elle connaissait ses premiers succès sportifs, Cindy Ngamba obtient le statut de réfugiée au Royaume-Uni en 2020. En effet, bien que ses performances, attirent l’attention de la fédération britannique qui souhaite la voir représenter la Grande-Bretagne à l’international, ses démarches resteront infructueuses. En dépit de sa proximité avec l’équipe britannique avec laquelle elle s’entraîne régulièrement, Cindy n’a pas pu compétir aux JO sous la bannière du Royaume-Uni faute d’avoir obtenu la nationalité britannique.
Elle s’est donc lancée aux JO sous les couleurs de l’équipe des réfugiés. Selon le commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR), il y avait 43,4 millions de réfugiés dans le monde fin 2023, un chiffre qui a triplé sur la dernière décennie. Depuis les Jeux de Rio en 2016, ils sont représentés par une équipe olympique.
Cindy Ngamba, un symbole d’espoir
Au soir du jeudi 5 aout, Cindy Ngamba a brillé sur Paris et avec elle, tous ces réfugiés à travers le monde qui ont perçu en cette jeune fille l’espoir d’une vie meilleure. L’espoir de pouvoir, eux aussi, un jour, aller au bout de leurs rêves et s’accomplir. “Le fait d’être ici représente beaucoup à mes yeux […] Il y a des millions de réfugiés dans le monde et ce ne sont même pas des athlètes, ce sont simplement des personnes confrontées à de nombreux problèmes, à tant d’obstacles qu’elles ont perdu confiance en elles-mêmes. J’espère qu’en me regardant, ces personnes verront que j’ai pu surmonter tous les obstacles que la vie a mis sur mon chemin”, reprenait Olympics.
Victorine Lenga