Des tirs d’artillerie des paramilitaires sur la ville assiégée d’El-Facher au Darfour, dans l’ouest du Soudan, ont fait plus de 30 morts et des dizaines de blessés, a rapporté lundi 21 avril un Comité local de résistance.
L’attaque, qui a eu lieu dimanche 20 avril, a impliqué des « tirs d’artillerie lourde » et a visé des quartiers habités de la ville, a déclaré le Comité de résistance. Depuis deux ans, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo sont en guerre contre l’Armée du général Abdel Fattah al-Burhane. « Des informations terrifiantes nous parviennent d’El-Facher et de Zamzam, au Soudan: meurtres, violences sexuelles, déplacements massifs, besoins immenses », a indiqué le chef des affaires humanitaires des Nations Unies, Tom Fletcher, dans un message sur son compte X.

« J’ai parlé aujourd’hui au général al-Burhane et au général (Abdelrahim) Dagalo », le commandant adjoint des FSR, « qui se sont engagés à nous donner un accès total pour acheminer l’aide » humanitaire aux civils, a-t-il ajouté. Après la perte de la capitale Khartoum en mars, les paramilitaires ont concentré leurs attaques au Darfour pour tenter de s’emparer d’El-Facher, la dernière capitale provinciale de cette région à leur échapper. Le 13 avril 2025, les FSR ont annoncé avoir pris le camp de Zamzam, proche d’El-Facher, où vivaient plus de 500.000 déplacés, lors d’un assaut qui a fait plus de 400 morts, selon l’ONU.
Les Nations Unies, des dirigeants de pays étrangers et des groupes d’aide humanitaire ont mis en garde contre le carnage qu’une attaque de grande envergure entraînerait dans la ville assiégée et ses environs, où l’UNICEF affirme qu’au moins 825.000 enfants sont pris au piège dans un « enfer ». Assiégée depuis près d’un an, El-Facher est le dernier grand bastion urbain du Darfour encore sous le contrôle de l’Armée.
– Insécurité alimentaire aigüe –
La guerre au Soudan, qui a éclaté le 15 avril 2023, a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions de personnes et plongé dans la famine une partie du troisième plus grand pays d’Afrique (derrière l’Algérie et la RDC). L’Armée du général Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, contrôle le nord et l’est du Soudan, tandis que les paramilitaires sont la force dominante dans le sud et l’ouest du pays. Des organisations de défense des droits humains incluant Amnesty International et l’ONU ont accusé les combattants des FSR d’utiliser la violence sexuelle, notamment le viol, l’esclavage sexuel et les mariages forcés, comme arme de guerre.
Les FSR ont rejeté ces accusations. La destruction du système de santé au Soudan rend impossible tout bilan exact de victimes. En 2024, Tom Perriello, alors émissaire de l’ONU au Soudan, avait avancé des estimations faisant état de 150.000 morts. Les belligérants ont été accusés de viser des civils, de bombarder aveuglément des zones habitées et de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire.
© Afriquinfos & Agence France-Presse