Nouakchott (© 2024 Afriquinfos)- Le Président algérien effectue une visite en Mauritanie depuis ce 9 décembre. Même si officiellement Abdelmadjid Tebboune se serait rendu à Nouakchott en vue de participer à la ‘Conférence continentale sur l’éducation, la jeunesse et l’employabilité’ qui se tient dans la capitale mauritanienne, la presse du pays hôte craint que cette visite, la première dans son genre, ne soit une occasion pour lui de faire passer son agenda anti-marocain.
Le président algérien a décidé de faire le déplacement en personne pour prendre part à une conférence sur la jeunesse (9 au 11 décembre), dans la capitale mauritanienne et organisée par l’Union africaine. Mais ceci est une surprise pour les médias mauritaniens qui estiment que ‘’cette visite revêt donc un caractère éminemment politique pour Tebboune dont l’agenda principal est de nuire au Maroc’’.
Il s’agit en effet de la première visite d’un Président algérien en Mauritanie en 30 ans. La dernière visite en date remonte à 1987 du temps du président Chadli Bendjedid pour l’inauguration d’une raffinerie financée en grande partie par l’Algérie.
Selon les mêmes sources, depuis son « élection » en 2019 et à présent avec sa «réélection», Tebboune n’avait jamais pris la peine de faire de visite officielle en Mauritanie. Elles rappellent d’ailleurs qu’Abdelmadjid Tebboune et son homologue mauritanien ont cependant eu l’occasion de se voir et d’échanger à plusieurs reprises, notamment à l’occasion de déplacements en Algérie. En effet, un vent de froid avait soufflé sur les relations entre les deux pays depuis le refus de la Mauritanie de rejoindre le groupement maghrébin sans le Maroc, dans une sorte de formation équivalente à celle de l’Union du Maghreb arabe, ce qui n’avait pas été du goût d’Alger.
De même, le président mauritanien a montré ces derniers temps une distance assumée des thèses séparatistes (au Maroc) promues par Alger à travers la milice du polisario qu’elle arme et finance. Le geste de Mohamed Cheikh El Ghazouani envers le chef du groupe séparatiste, Brahim Ghali, lors de sa cérémonie d’investiture en août dernier, avait fait le tour des médias.
Une visite officiellement limitée aux relations bilatérales
Selon des sources «privées» citées par le site d’information mauritanien «Anbaa Info», le gouvernement mauritanien aurait l’objectif de garder la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune, «limitée au cadre de l’appui aux relations bilatérales et à la coopération entre les deux pays voisins frères».
La même source ajoute que le gouvernement mauritanien ne souhaite pas que cette visite ait une «portée politique qui pourrait affecter négativement les fortes relations fraternelles existant entre la Mauritanie et son voisin du nord, le Maroc».
La Mauritanie tente depuis plusieurs années de garder un équilibre entre l’Algérie et le Maroc et une neutralité positive dans le dossier du Sahara. Nouakchott ne perd pas de vue non plus son objectif visant à garantir les intérêts stratégiques et la stabilité interne du pays, en l’éloignant de toute alliance qui pourrait lui faire perdre cet équilibre. L’isolement diplomatique régional dont souffre l’Algérie suite à ses crises successives avec de nombreux pays africains et européens, ainsi que les changements et les évolutions qu’a connus le dossier du Sahara ces derniers temps, ont fragilisé la position algérienne sur la scène diplomatique internationale.
C’est un problème auquel Tebboune cherche une solution, notamment en tentant de rallier Nouakchott à son projet soutenant le séparatisme au Maroc, comme il a pu le faire avec la Tunisie de Kais Saied. À son arrivée à l’aéroport international de Nouakchott, le Président Tebboune a tout même été accueilli par son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, avec lequel il a eu, juste après, un tête-à-tête.
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