Le parti Podemos, devenu la première force d’opposition au Mozambique à l’issue des élections du 9 octobre 2024, a déposé un recours devant la plus haute Cour du pays pour demander un nouveau comptage des voix, a-t-on appris lundi 28 octobre 2024.

La Commission électorale (CNE) avait annoncé jeudi dernier une franche victoire du parti au pouvoir, le Frelimo, avec près de 71% des voix pour son candidat à la présidence, Daniel Chapo, et 195 sièges de députés. Podemos, porté par le nouveau leader de l’opposition, Venancio Mondlane, arrivé deuxième à la présidentielle avec 20% des voix, demande que le comptage soit refait, en disant avoir observé de nombreuses irrégularités lors de des scrutins.
‘Il s’agit d’obtenir un véritable jugement sur qui a gagné les élections’, souligne son recours, un texte d’une centaine de pages déposé dimanche 27 octobre 2024 auprès du Conseil constitutionnel et dont l’AFP a obtenu copie. Podemos a également transmis dimanche à la CNE une multitude de boîtes contenant quelque 300 kilos de documents qui prouvent selon lui sa victoire. Selon son propre décompte, Venancio Mondlane aurait remporté la présidentielle avec 53,30% des voix et Podemos obtiendrait 138 députés sur 250.
‘La loi prévoit que s’ils ne les reconnaissent pas (les résultats), ils peuvent faire appel auprès du Conseil constitutionnel’, a de son côté déclaré à la presse le Président sortant Filipe Nyusi, tout en estimant que ‘le vote s’est bien passé’.
‘Certains candidats, en plus de contester les résultats, ont ridiculisé les instances électorales’, a critiqué M. Nyusi, qui ne pouvait se représenter à cette présidentielle. ‘Ils ont revendiqué la victoire alors même que le dépouillement n’en était qu’à 10%, et ont appelé les gens à manifester’, a-t-il déploré. Le recours de l’opposition demande aux bureaux électoraux de chaque district de fournir le matériel utilisé, procès-verbaux notamment, pour obtenir les scores qu’ils ont transmis à la CNE. Et à la Cour de ‘déterminer le nombre exact de votants aux trois élections’ – présidentielle, législatives et des conseils provinciaux – ‘dans l’ensemble du pays’.
Observateurs et opposition ont rapporté, entre autres irrégularités, que dans de nombreux bureaux, les électeurs ont voté massivement pour la présidentielle mais, curieusement, pas pour le Parlement. L’opposition, qui soupçonne du bourrage d’urnes, demande notamment l’annulation des votes dans les districts où le nombre de voix est différent d’un scrutin à l’autre. Le Président Nyusi a regretté lundi 28 octobre que les observateurs électoraux aient ‘évoqué un bourrage d’urnes alors qu’ils avaient dans un premier temps estimé que les élections étaient libres et équitables’.

L’opposition rappelle dans son recours que le président de la CNE lui-même a regretté publiquement, lors de l’annonce officielle des résultats jeudi 24 octobre, des disparités qui selon elle pourraient ‘influencer substantiellement le résultat global’.
© Afriquinfos & Agence France-Presse