Moeurs/Jugement de l’Affaire Pelicot: Des aveux à ne jamais mettre en pratique dans toute vie de couple

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Dominique Pelicot, cerveau des viols de Mazan (Dr-France 24)

Avignon (© 2024 Afriquinfos)-  Très attendu, le principal accusé des viols de Mazan est de retour ce mardi 17 septembre, après une semaine d’absence, devant la Cour criminelle du Vaucluse à Avignon. « Je suis un violeur », a affirmé Dominique Pelicot  dans une confession glaçante et en demi-teinte.

Après des problèmes de santé qui ont perturbé le déroulement du procès, qui s’est ouvert le 2 septembre, Dominique Pelicot a fait son retour dans le box de la cour criminelle du Vaucluse à Avignon ce mardi. Âgé de 71 ans, il est accusé d’avoir, pendant dix ans, drogué et orchestré des viols sur sa femme en recrutant des dizaines d’hommes sur internet.

« Je suis un violeur »

Dès sa prise de parole, Dominique Pelicot a reconnu les faits. « Je reconnais les faits dans leur globalité« ,  « Je suis un violeur, au même titre que toutes les personnes concernées dans cette salle », a-t-il d’emblée affirmé, demandant « pardon », sous les yeux attentifs de ses coaccusés.

Au total, cinquante hommes sont jugés pour viols aggravés sur son ex-épouse Gisèle, 71 ans, qu’il droguait avant de convier ces inconnus à son domicile de Mazan (Vaucluse) et de filmer les abus en question. Des faits qu’il qualifie « d’abominables » et reconnaît dans leur intégralité.  Gisèle Pelicot « ne méritait pas ça« , a-t-il également déclaré tout en multipliant les maladresses, dans un discours jamais très éloigné de la victimisation.

Cette journée du mardi a été consacrée à la vie du septuagénaire, à ces dix années de « perversion », comme il les qualifie lui-même.

Dominique Pelicot avait déjà tout avoué pendant l’enquête : les viols qu’il a commis lui-même sur son ex-femme entre 2011 et 2020 après l’avoir endormie à coups d’anxiolytiques, et ceux qu’il lui a fait subir par d’autres hommes, inconnus de tous âges rencontrés sur le site libertin Coco.fr, accusés d’avoir abusé de Gisèle Pelicot dans son sommeil. « Je prie ma femme, mes enfants, mes petits-enfants, ainsi que Mme M. [l’épouse d’un coaccusé qu’il reconnaît avoir violée] de bien vouloir accepter mes excuses. Je regrette ce que j’ai fait, je demande pardon, même si ce n’est pas pardonnable. »

‘’Mon monde s’écroule, pour moi, tout s’effondre’’ Gisèle Pélicot

 Calme et déterminée, Gisèle Pélicot a raconté jeudi 5 septembre, au procès des viols de Mazan, ce jour du 2 novembre 2020 où elle a tout découvert, face à son mari et aux cinquante autres hommes accusés de l’avoir violée pendant dix ans. A 71 ans, elle ne s’était jamais rendu compte que, depuis 2011, elle avait été droguée aux somnifères par son mari et abusée par des inconnus, qu’il recrutait sur Internet pour venir la violer. « Les policiers m’ont sauvé la vie, en investiguant l’ordinateur de monsieur P. », tel qu’elle qualifie désormais son époux, dont elle est en train de divorcer, rappelle la septuagénaire.

Puis, pendant près d’une heure et demie, elle a déroulé sa version de ce dossier, pour sa première prise de parole depuis le début d’un procès hors norme entamé lundi, à Avignon, devant la cour criminelle du département. Ce jour d’automne 2020, les policiers de Carpentras (Vaucluse) lui ont demandé de venir. Oui, elle est bien mariée à Dominique Pélicot, « un chic type », « un super mec », répond-elle à l’enquêteur qui la reçoit.

Puis celui-ci lui montre des photos. Sur l’image, « je suis inerte, dans mon lit, et on est en train de me violer. C’est des scènes de barbarie. Mon monde s’écroule, tout s’effondre, tout ce que j’ai construit en cinquante ans. Franchement, c’est des scènes d’horreur pour moi », explique-t-elle, devant la cour, composée de cinq magistrats professionnels.

‘’Une poupée de chiffon’’

‘’Ils me considèrent comme une poupée de chiffon’’, insiste la mère de famille, sous le regard de sa fille et de ses deux fils, à ses côtés depuis le début des audiences. Ce jour-là, elle refuse par contre de regarder les vidéos. ‘’Elles sont plus atroces les unes que les autres’’, a-t-elle insisté. ‘’Des scènes de barbarie, des viols, je me demande comment j’ai pu tenir’’, ajoute-t-elle, estimant avoir été ‘’sacrifiée sur l’autel du vice’’. ‘’Le corps est chaud, pas froid, mais je suis morte sur mon lit’’, décrit-elle encore.

Le plus souvent, ces hommes ne portaient pas de préservatifs. ‘’Par une chance assez extraordinaire, étant donné le nombre d’agresseurs, elle a échappé au VIH, à la syphilis, aux hépatites. Quel soulagement’’, a témoigné jeudi Anne Martinat Sainte-Beuve, experte médicale, soulignant que Mme Pélicot a quand même « contracté quatre maladies sexuellement transmissibles ».

Au total, près de quatre mille photos et vidéos ont été retrouvées sur les divers ordinateurs, clés USB ou disques durs de son mari. Les images des quelque deux cents viols qu’elle a subis en dix ans, d’abord en région parisienne, mais surtout à Mazan, cette commune du Vaucluse de six mille habitants où le couple avait déménagé en mars 2013.

’Et qu’on ne me parle pas de scènes de sexe, ce sont des scènes de viol, je n’ai jamais pratiqué le triolisme ni l’échangisme, je tiens à le dire’’, poursuit la victime, répondant indirectement aux questions posées mercredi au directeur d’enquête par les avocats de certains accusés, qui maintiennent avoir seulement participé au scénario d’un couple libertin. ‘’Je n’ai jamais été complice’’ ni ‘’fait semblant de dormir’’, répond ensuite la victime, interrogée par Roger Arata, le président de la cour.

De tous ces hommes qui ont abusé d’elle, elle n’en reconnaît qu’un seul, qui était venu au domicile du couple, à Mazan, pour discuter vélo avec son mari : ‘’Je le rencontrais de temps en temps à la boulangerie, je disais bonjour, je n’imaginais pas qu’il était venu me violer.’’

Dominique Pelicot avait été interpellé en septembre 2020, après avoir filmé sous les jupes de trois femmes dans un centre commercial de Carpentras, ce qui allait permettre la découverte de toute cette affaire. Il avait été arrêté une première fois pour des faits similaires en région parisienne, en 2010. Mais il avait été condamné à une simple amende de 100 euros, et son épouse n’avait jamais été mise au courant.

Gisèle Pélicot, en instance de divorce depuis la révélation des faits à l’automne 2020, porte désormais son nom de jeune fille.

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