Le fils de Museveni refuse de quitter Twitter, défiant son père Président

Afriquinfos Editeur
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Kampala (© 2022 Afriquinfos)- Près de trois semaines après l’incident diplomatique causé par ses publications, le général ougandais Muhoozi Kainerugaba a été sommé par son père de quitter Twitter. Mais ce dernier ne compte pas exécuter les ordres du président Museveni. « Personne ne me bannira de quoi que ce soit ! », a répliqué le fils aîné du président ougandais. Il estime qu’ « au-delà de la polémique, la division familiale pose question sur la succession politique ».

Le fils aîné du président ougandais ne cesse de faire parler de lui. Il multiplie des messages polémiques. Dans un post du 3 octobre, il affirmait qu’il ne lui « faudrait pas deux semaines à lui et à son armée pour conquérir Nairobi », la capitale du Kenya voisin. Le même jour, il suggère que l’ex-président kényan Uhuru Kenyatta aurait dû briguer un troisième mandat, alors que la Constitution le lui interdit.

L’affaire avait frôlé l’incident diplomatique avec Nairobi, et avait contraint Yoweri Museveni à demander pardon aux Kényans : « Ce n’est pas correct de commenter ou d’interférer dans les affaires d’un pays frère », avait-il ajouté dans un communiqué.

Dans la foulée de ses messages, Muhoozi Kainerugaba a été limogé en tant que commandant des forces terrestres de l’armée, avant d’être finalement promu général. Pour la plupart, il s’agit d’un geste de protection de son père. Le président Museveni a d’ailleurs défendu son fils lundi lors d’une interview à la télévision ougandaise, le qualifiant de « très bon général ».

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Les frictions entre le président Yoweri Museveni et son fils Muhoozi Kainerugaba, s’agissant de l’usage des réseaux sociaux ne sont pas nouvelles, a  fait savoir elon Yusuf Serunkuma, chercheur de l’université Makerere.

« Une situation similaire s’était déjà produite, mais s’est résolue de manière discrète. Maintenant, que le père, dans une interview, dise que Muhoozi doit s’arrêter, et que le fils, fortement et publiquement, réponde à son père, je pense que c’est la toute première fois qu’ils échangent des mots aussi forts », souligne le chercheur.

Vers l’abandon du projet Muhoozi Kainerugaba ?

Depuis plusieurs années, Muhoozi Kainerugaba est présenté comme un potentiel successeur de son père. Mais pour l’analyste Bernard Sabiti, le remaniement récent de l’armée, au cours duquel le fils du président a été promu général, et a perdu sa fonction de commandant de l’armée de terre, pourrait être le signe d’un changement de dynamique parce que « Muhoozi n’a plus de devoirs de commandement quotidien. Il n’a plus aucune unité ou brigade sous ses ordres. Si ça reste le cas pendant six mois ou un an, on commencera à comprendre que le président essaie de le mettre sur le côté, et ne veut plus qu’il se rapproche de la présidence. », explique-t-il.

Les débats dans les médias sur « le projet Muhoozi » ont commencé en mai 2013, avec la publication d’une note confidentielle du général David Sejusa, à l’époque directeur des renseignements. Il dénonçait l’existence d’un plan consacré à préparer Muhoozi Kainerugaba à prendre la suite de son père à la tête de l’État.

V.A.