Goma: Plus de 100 morts, plus de 1000 blessés en trois jours de combats laminés facilement par le M23

Afriquinfos Editeur
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Des soldats de l'Armée de République démocratique du Congo dans la province du Nord-Kivu, dans l'est du pays, le 17 décembre 2024.

Le groupe armé anti-gouvernemental M23 et les troupes rwandaises contrôlent mercredi 29 janvier 2025 la quasi-totalité de Goma, grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo, alors que le Président Félix Tshisekedi doit s’adresser à la Nation avant la fin de la journée.

Mardi 28 janvier 2025, la crise a soudain atteint la capitale, Kinshasa, située à l’ouest, à l’autre bout de l’immense pays-continent. Dans le centre de Goma, coincée entre le lac Kivu et la frontière du Rwanda, les habitants ont recommencé à circuler ce mercredi 29 janvier. ‘Aujourd’hui, on n’a pas peur. Le problème, c’est le manque d’eau, d’internet et de courant’, dit Jean de Dieu, un habitant joint par l’AFP au téléphone. ‘Il y a la faim à Goma. Il faut aller puiser l’eau au lac et nous sommes sans médicaments’, renchérit Kahindo Sifa.

Les bombardements ont endommagé les infrastructures de la ville de plus d’un million d’habitants et presque autant de déplacés. Alors que la pression internationale s’accroît pour mettre fin à la crise, une nouvelle tentative diplomatique a échoué mercredi lorsque le Président congolais Félix Tshisekedi a refusé de participer à une réunion, convoquée par le Kenya, avec son homologue rwandais Paul Kagame.

Muré dans le silence depuis le début de l’offensive sur Goma, M. Tshisekedi doit s’adresser mercredi à la Nation, selon la télévision nationale. Son Gouvernement a dénoncé une ‘déclaration de guerre du Rwanda et assuré vouloir éviter le carnage’.

– Corps gisants –

Les derniers affrontements ont aggravé la crise humanitaire dans la région, convoitée pour ses ressources naturelles et secouée depuis trois décennies par les violences de groupes armés en partie soutenus par des pays voisins. Selon l’ONU, plus d’un demi-million de personnes ont été déplacées depuis début janvier par les combats. Les affrontements à Goma ont aussi fait plus de 100 morts et près d’un millier de blessés ces trois derniers jours, selon les hôpitaux.

Dans les rues, beaucoup de corps gisent encore au sol, ont constaté des journalistes de l’AFP et des habitants. Des cartouches restent sur la chaussée. Une jeep des Forces congolaises (FARDC) est abandonnée sur un trottoir près de ce qui était leur QG régional. L’aéroport et le siège du Gouvernement provincial ont été pris. Nombre de soldats congolais ont fui ou été capturés au fil de ces deux jours de combats.

Mercredi matin, une longue colonne de plusieurs centaines de soldats congolais et miliciens pro-Kinshasa, désarmés et bandeau blanc sur la tête, a été conduite vers le centre-ville, encadrée par des troupes du M23, selon une source sécuritaire. Des pillages se poursuivent, a constaté l’AFP. Seules forces désormais visibles dans les quartiers accessibles, des combattants du M23 et des soldats rwandais tirent parfois en l’air pour effrayer les foules avides. Le M23 avait affirmé dès dimanche 26 janvier avoir pris Goma, mais des combats se sont poursuivis jusqu’à mardi, et on ignorait mercredi s’il contrôlait l’ensemble de la ville.

Les cadres du M23 (« Mouvement du 23 mars ») ont convoqué un groupe de journalistes et doivent bientôt s’exprimer.

© Afriquinfos & Agence France-Presse