Le groupe armé antigouvernemental du M23 soutenu par des Forces rwandaises contrôle ce 29 janvier 2025 la quasi-totalité de Goma, la grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo, alors que le Président Tshisekedi a prévu de s’adresser à la Nation dans la journée.
Les combats ont cessé, le centre-ville est calme, et les habitants ont recommencé à circuler mercredi dans la capitale provinciale du Nord-Kivu, coincée entre lac Kivu et la frontière du Rwanda. Alors que la pression internationale s’accroît pour mettre fin à la crise, une nouvelle tentative diplomatique a échoué mercredi lorsque le Président congolais, Félix Tshisekedi, a refusé d’assister à une réunion avec son homologue rwandais, Paul Kagame. Félix Tshisekedi, qui ne s’est pas exprimé depuis le début de la crise, brisera le silence dans la journée en s’adressant à la Nation, a indiqué la Télévision nationale (RTNC).

Son Gouvernement a dénoncé ces derniers la ‘déclaration de guerre du Rwanda, et souligné vouloir éviter le carnage’ à Goma. Ces affrontements ont aggravé la crise humanitaire dans cette région stratégique, pour son riche sous-sol, et secouée depuis trois décennies par les violences de groupes armés en partie soutenus par les pays voisins de la RDC, et exacerbées après le génocide rwandais de 1994.
Selon l’ONU, plus d’un demi-million de personnes ont été déplacées depuis début janvier 2025 par ces nouveaux combats. Les affrontements à Goma ont fait plus de 100 morts et près d’un millier de blessés, selon un bilan des hôpitaux établi dans la soirée de ce 28 janvier 2025 par l’AFP. ‘Beaucoup de corps se trouvent encore en ville, ils doivent être récupérés au plus vite’, a souligné un médecin. L’aéroport et le siège du Gouvernement provincial ont été pris et nombre de soldats congolais ont fui ou été capturés au fil de ces deux jours de combats.
Seules forces visibles désormais visibles en ville, des combattants du M23 et soldats rwandais patrouillent en tirant parfois en l’air, effrayant les riverains. Des cartouches gisent sur la chaussée. Une jeep des Forces congolaises (FARDC) est abandonnée sur un trottoir près de ce qui était leur QG régional. Mercredi matin, une colonne immense de plusieurs centaines de soldats congolais et miliciens pro Kinshasa, désarmés et bandeau blanc sur la tête, ont été conduits vers le centre-ville, encadrés par des pickups et des combattants à pied du M23, selon une source sécuritaire.
– ‘Coupé du monde’ –
Dans la ville, les pillages se poursuivent en masse, a constaté l’AFP. La vie a repris petit à petit dans certains quartiers et semble ‘déjà stabilisée’, a déclaré à l’AFP Merdi Kambelenge, un étudiant, en espérant le retour rapide de l’électricité et d’internet, coupées comme l’eau à la suite des combats, pour ne pas rester ‘coupé du monde’. Le M23 avait affirmé dès dimanche avoir pris Goma, mais les combats, intenses lundi 27 janvier 2025, se sont poursuivis jusque mardi, et on ignorait mercredi s’il contrôlait l’ensemble de cette ville qui comptait avant le siège plus d’un million d’habitants, et autant de réfugiés.
Les hauts responsables du M23 qui avaient indiqué à la presse qu’ils s’exprimeraient mercredi 29 janvier 2025, ont finalement annulé, sans donner plus d’explications.
© Afriquinfos & Agence France-Presse