Géostratégie dans l’Est de la RDC en train de muter durablement avec les conquêtes en cours du M23?

Afriquinfos Editeur
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Des soldats de l'Armée de République démocratique du Congo dans la province du Nord-Kivu, dans l'Est du pays, le 17 décembre 2024.

Kinshasa a accusé dimanche le Rwanda de lui avoir « déclaré la guerre » en envoyant de nouvelles troupes pour soutenir le groupe armée du M23 qui assiège désormais Goma, principale ville de l’est de la RDC, alors que l’ONU a appelé Kigali à retirer ses forces de la région.

Quelques heures plus tôt, le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui n’avait pas aussi clairement mis en cause Kigali jusque-là, s’est dit ‘profondément préoccupé par l’escalade de la violence’ et a appelé ‘les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC’, selon un communiqué de son Porte-parole. Les Etats-Unis ‘condamnent l’offensive du Rwanda et du M23 et utiliseront tous les outils’ disponibles contre ceux qui alimentent le conflit, a menacé ce 26 janvier 2025 leur représentante à l’ONU.

Un drone rwandais a ouvert le feu sur des positions congolaises dimanche à environ six kilomètres de Goma, ont indiqué à l’AFP des sources sécuritaires et onusiennes. Selon plusieurs sources au sein la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), ‘au moins deux paramilitaires’ ont été gravement blessés par ces tirs. D’autres bombardements ont touché le camp de déplacés de Rusayo, dans la périphérie de Goma, selon plusieurs sources humanitaires qui n’ont pas donné de bilan. Dans le centre de Goma, de lourdes détonations ont été entendues à partir de l’aube, alors que des hélicoptères de combat de l’Armée congolaise tournaient dans le ciel, selon des journalistes de l’AFP.

Voitures et motos circulent mais la plupart des commerces ont fermé. Des pillages par des miliciens pro-Kinshasa ont été signalés dans des quartiers périphériques, selon la Société civile. A mesure que les combats se rapprochent, de nouvelles colonnes de déplacés affluent, selon plusieurs témoignages recueillis sur place.

-‘S’emparer de Goma’-

Dans la soirée de ce 25 janvier 2025, le Porte-parole de l’armée congolaise a accusé le Rwanda d’être ‘déterminé à s’emparer de la ville de Goma’. La ville avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23 (« Mouvement du 23 mars »), né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante.

Treize soldats sud-africains, malawites et uruguayens, déployés au sein de deux Forces régionales (SAMIDRC) et onusienne (Monusco) d’appui à l’Armée congolaise ont été tués dans des combats avec le M23 ces derniers jours, ont annoncé samedi 25 janvier 2025 les autorités des trois pays. Le Rwanda a indiqué dimanche avoir « évacué » vendredi 24 janvier 2025 son dernier diplomate à Kinshasa. Kinshasa avait de son côté annoncé samedi rappeler ses diplomates à Kigali « avec effet immédiat ».

L’Union Européenne a appelé le M23 à ‘arrêter son avancée et le ‘Rwanda à se retirer immédiatement’ dans une déclaration signée par les 27 pays membres. L’Union Africaine (UA) pour sa part a réclamé ‘la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties’. Dans l’est de la RDC riche en ressources naturelles, les conflits s’enchaînent depuis plus de trente ans. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés, puis rompus dans la région. Le dernier cessez-le-feu avait été signé fin juillet 2024. L’actuel conflit dans l’Est de la RDC qui dure depuis plus de trois ans, aggrave encore une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier 2025. 

Des soldats de l’Armée de République démocratique du Congo dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est du pays, le 17 décembre 2024.

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