Le mégabarrage hydroélectrique construit par l’Ethiopie sur le Nil est « maintenant terminé » et sera inauguré en septembre 2025, a annoncé jeudi, 03 juillet le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, à propos de ce projet source de tensions avec ses voisins, notamment l’Egypte.
Le Caire et Khartoum n’ont pas tardé à réagir à cette nouvelle donne, en campant sur leurs positions classiques, maintes fois réaffirmées. Situés en aval, le Soudan et l’Egypte ont à de nombreuses reprises dénoncé ce projet « unilatéral » d’Addis Abeba qui menace, selon eux, leur approvisionnement en eau.
L’Egypte, qui dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau, notamment pour l’agriculture, continue d’invoquer un droit historique sur le fleuve et d’affirmer que le GERD (Grand barrage de la Renaissance) représente une menace « existentielle ». Le Caire et Khartoum ont demandé à l’Ethiopie de cesser ses opérations de remplissage, en attendant que soit conclu un accord tripartite sur le sujet et sur les modalités de fonctionnement du barrage.
Le 30 juin 2025, à la suite d’une rencontre entre Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’Armée et dirigeant de facto du Soudan, et le Président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, les deux pays ont « confirmé leur engagement à renforcer la coordination et l’action conjointe pour garantir la sécurité hydrique », dans un communiqué. Les deux pays ont également réitéré « leur rejet de toute mesure unilatérale dans le bassin du Nil Bleu. » Plusieurs tentatives de médiation entre les différents pays au sujet du barrage ont achoppé ces dernières années.
Les experts estiment également que l’ouvrage a eu pour conséquence de former autour de l’Egypte un front de voisins hostiles à l’Ethiopie. En octobre 2025, un sommet avait notamment réuni les Présidents érythréen Issaias Afeworki, somalien Hassan Sheikh Mohamud et égyptien Abdel Fattah al-Sisi.
Les relations d’Addis Abeba se sont depuis réchauffées avec Mogadiscio, mais elles sont toujours à couteaux tirés avec Asmara qui accuse l’Ethiopie, enclavée depuis l’indépendance de l’Erythrée en 1993, de convoiter le port érythréen d’Assab.
Lancé en 2011 pour un montant de 4 milliards de dollars, le GERD est présenté comme le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique. Il fait 1,8 kilomètre de large et 145 mètres de haut. Selon la Banque Mondiale, en janvier 2025, quelque 60 millions d’Ethiopiens, soit près de la moitié de la population de ce géant d’Afrique de l’Est, vivaient sans électricité, faute notamment de réseaux. A Guba, sur le site du barrage, plusieurs turbines sur les 13 prévues sont déjà en activité depuis 2022.
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