Praia (© 2025 Afriquinfos)- Ana Maria Cabral, veuve d’Amilcar Cabral, figure emblématique des mouvements d’indépendance en Guinée-Bissau et au Cap-Vert deux anciennes colonies portugaises, a été présente à Conakry, en Guinée, lors d’événements liés à l’indépendance. Elle est souvent mentionnée en relation avec son mari et son rôle dans le combat pour l’indépendance de ces pays.
Le nom d’Amilcar Cabral, l’un des plus grands leaders anticoloniaux d’Afrique qui a été assassiné en 1973 à Conakry, en Guinée, est à jamais synonyme du mouvement de libération du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau.
Son épouse Ana Maria Cabral, et d’autres femmes ont joué un rôle majeur dans le Parti pour l’indépendance africaine de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGCV) et la lutte pour la liberté, aux côtés de leurs homologues masculins.
‘’Il s’agit d’une partie historique très importante de l’indépendance du Cap-Vert qui doit être partagée’’, a souligné Costa, présidente du Projet des femmes guerrières du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau, qui a été créé en 2020, dans le but de mettre en lumière le travail que de nombreuses femmes ont défendu pendant la lutte pour l’indépendance.
Comme l’a reconnu Amilcar Cabral lui-même, les femmes ont joué un rôle essentiel dans la lutte de libération et la construction de la nation capverdienne
Cabral et un groupe d’autres femmes du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau ont également formé l’Union démocratique des femmes (WDEMU), en se concentrant sur la santé et l’éducation des femmes.
Le parcours d’Ana Maria Cabral en tant que combattante de la liberté, militante
Selon une biographie Maria Cabral est née à Canchungo, en Guinée-Bissau, en 1941, et s’identifie comme étant originaire de Guinée-Bissau, d’Angola et du Portugal.
Elle a rencontré Amilcar Cabral dans les années 1950 au Portugal lors de « l’éveil des consciences ». Les deux hommes se sont plus connus une décennie plus tard et se sont finalement mariés en 1972 à Conakry.
De 1966 à 1973, elle est enseignante à l’Escola Piloto (école de pilotage) au siège du PAIGC à Conakry.
Après l’assassinat de son mari, elle a été adjointe de la nouvelle Nation de Guinée-Bissau et directrice au ministère de la Culture de Guinée-Bissau de 1974 à 1980.
Elle a été ambassadrice de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert de 1980 à 1984, puis diplomate au ministère des Affaires étrangères du Cap-Vert jusqu’en 2005.
Membre fondatrice de la Fondation Amilcar Cabral au Cap-Vert, elle vit dans la capitale Praia depuis 1984. Elle d’abordait certaines des questions relatives à la santé et à l’éducation des femmes, tant dans son pays qu’à l’étranger, par le biais de la fondation.
Mme Cabral incarne la libération du Cap-Vert et représente toutes les femmes guerrières du PAIGC qui ont contribué à la libération du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau », a déclaré Mme Costa.
Le 22 novembre 1970, un commando formé de militaires portugais et d’opposants guinéens débarque à Conakry, en Guinée. Leur mission : faire tomber le régime de Sékou Touré mais aussi s’attaquer aux forces rebelles bissau-guinéennes du PAIGC, installées à Conakry et les éliminer.
Des objectifs qui ne seront pas remplis, Sékou Touré étant introuvable et Amilcar Cabral, leader du groupe rebelle bissau-guinéen PAIGC, ne se trouvant pas à Conakry.
Ana Maria Cabral, veuve du leader indépendantiste Bissau-guinéen, Amilcar Cabral, présente à Conakry au moment de l’attaque contre la délégation du PAIGC, revient sur cet événement, au micro de Miguel Martins.
‘’Nous avons évité la mort de justesse. Nous étions en train de dormir et j’ai été réveillée par ce bruit. Je suis allée réveiller mes enfants. Notre maison avait été visée par un tir d’obus qui avait atterri dans notre salle de bains. Toute la maison a tremblé. J’ai à peine eu le temps d’appeler les gardes qui sont arrivés et m’ont dit’’ « sors, sors, sors »
‘’Nous nous sommes enfuis et nous sommes refugiés dans la forêt jusqu’au petit matin. Comme l’ambassade du Vietnam n’était pas loin, certains camarades y ont trouvé refuge, mais comme à l’époque l’Union Soviétique existait encore, et qu’elle avait une énorme ambassade que l’on appelait le « petit Moscou’’, nous avons fini par nous y réfugier, parce que les vietnamiens avaient des installations très simples. Ils n’avaient pas la possibilité de nous recevoir. Notre maison a subi beaucoup de destruction », avait-elle raconté.
Mais en 1973 il y a plus de cinquante ans, le dirigeant indépendantiste bissau-guinéen et cap-verdien Amilcar Cabral était assassiné devant son domicile à Conakry. L’attaque a été menée par un petit commando de militants de son mouvement, le PAIGC (Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap Vert) qui, selon de nombreuses sources, étaient en lien avec les services portugais. La veuve d’Amilcar Cabral, Ana Maria, était à ses côtés ce soir-là.
Vignikpo Akpéné