Relations Lisbonne-Bissau: Le Président Rebelo de Sousa a eu droit à un accueil de champion en terre africaine

Afriquinfos Editeur
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Bissau (© 2021 Afriquinfos)- Le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa était à Bissau ce 17 mai 2021 pour une visite officielle de 24 heures, en vue de relancer l’axe Lisbonne-Bissau. C’était la première visite pour un chef d’Etat de l’ex-métropole depuis 31 ans en terre bissau-guinéenne.

  Sur le chemin de l’aéroport vers le centre de la capitale bissau-guinéenne, Marcelo Rebelo a été accueilli par une foule monstre. Le chef de l’État portugais a dû mettre deux heures pour parcourir huit kilomètres le long de ‘l’Avenue Combatentes da Liberdade da Pátria’, la plupart du temps, en agitant la main à la portière de sa voiture.

  Accompagné de la ministre d’État et des Affaires étrangères de la Guinée-Bissau, Suzi Barbosa, Marcelo Rebelo de Sousa a quitté le véhicule à plusieurs reprises pour rencontrer la foule effusive, provoquant un grand émoi dans les forces de sécurité. En passant, les gens ont couru et crié « Presi, Presi ». D’autres l’ont remercié d’être venu, après 31 ans sans visite officielle d’un Président portugais dans ce pays. Cet accueil en champion a coûté plus de 3 heures de retard sur l’agenda protocolaire du Président portugais.

Après s’être exprimé dans un hôtel de Bissau devant des représentants de la communauté portugaise dans ce pays ouest-africain, Marcelo Rebelo de Sousa s’est entretenu avec le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo. Certes, le renforcement des liens historiques entre Lisbonne et Bissau était au cœur des débats, mais c’était aussi l’occasion pour le descendant des anciens soldats de l’armée coloniale de réclamer «la pension de sang» que doit l’ancienne puissance coloniale à la Guinée-Bissau.

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  Le Portugal «assume pleinement» son passé colonial

  Marcelo Rebelo de Sousa a déclaré que son pays «assume pleinement» son passé colonial, «y compris dans ce qui n’était pas positif». Le Portugal est un pont entre les cultures et «il l’a fait tout au long de son histoire, pas toujours bien, souvent mal», a dit le dirigeant portugais, qui s’est rendu en outre dans un cimetière où sont enterrés une centaine de soldats portugais morts pendant la guerre d’indépendance. Et a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe d’Amilcal Cabral, dirigeant du PAIGC, assassiné en 1973 à Conakry.

  La question de la «pension de sang» avait été évoquée en 1974 à Alger lors des négociations devant aboutir à l’indépendance de la Guinée-Bissau. Mais le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), mouvement qui a conduit le pays à l’indépendance, ne voulait pas en entendre parler. La plupart des soldats bissau-guinéens de l’armée coloniale portugaise sont en effet morts sans toucher le moindre sou de leurs pensions. Aujourd’hui, ce sont leurs descendants qui la réclament haut et fort.

  Marcelo de Sousa est le troisième chef d’Etat portugais à fouler du pied le sol de cette ancienne colonie du Portugal d’Afrique de l’Ouest, 31 ans après Mario Soares. L’agenda de son séjour prévoyait également une rencontre avec le ‘Collectif des descendants d’anciens soldats coloniaux’.

Ancienne colonie portugaise, la Guinée-Bissau, pays ouest-africain, a mené une guerre pour obtenir son indépendance en 1974 sous la bannière du PAIGC.

  Vignikpo A.