B. Oligui Nguema candidat pour la présidentielle d’avril 2025, pour un ‘Gabon qui renaît de ses cendres’

Afriquinfos Editeur
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Oligui Nguema en septembre 2024 en Chine (AFP).

Au pouvoir depuis le putsch du 30 août 2023 qui a renversé la dynastie Bongo, le général Brice Oligui Nguema s’est employé à se sculpter une image positive, chaleureuse, loin de la rigidité militaire de ses débuts à la tête du pays, en vue d’une candidature désormais officielle à la présidentielle du 12 avril. prochain.

Arrivé au pouvoir escorté par ses redoutables bérets verts, l’ancien chef de la garde présidentielle qui souffle ce 03 mars ses 50 ans prononce tous ses discours officiels seul, en grand uniforme. Décrets et communiqués du Comité pour la Transition qu’il dirige sont lus par des militaires officiers.

« On ne vient pas faire de la politique, nous sommes venus pour construire le pays, pour avancer », avait-il dit lors d’un récent déplacement au centre du pays. Homme d’action, il se décrit comme « un officier général de carrière » avec 28 ans d’armée à son actif. « Je ne connais qu’une seule bannière: notre drapeau », a-t-il confié récemment à ‘Jeune Afrique’.

« Commando plus plus,… Hannibal c’est toi, Oligui c’est toi… celui qui a osé, c’est toi« , scande la chanson rythmée qui accompagne souvent les images officielles diffusées par ses communicants. Sa biographie officielle, sur le site de la Présidence, souligne « sa bravoure, son courage et sa rigueur au travail » et le dépeint comme « un sportif inconditionnel« , amateur de volleyball, « passionné de football et de lecture« .

Ces derniers mois, le général Oligui a multiplié les visites dans les quartiers populaires de Libreville et dans les régions reculées, souvent en tenue civile. On l’a vu danser, embrasser des enfants, conduire un tracteur, nourrir un chevreau au biberon ou prier à la messe avec la Première Dame – il a pris une deuxième épouse au printemps 2024 après avoir fait modifier le règlement imposant la monogamie aux militaires.

Pour séduire la jeunesse, il a offert en décembre dernier 2.000 tickets gratuits pour un concert de l’Oiseau rare, icône de la musique, « Ntcham ». Peu auparavant, des images de jeunes gens interpellés et tondus pour avoir violé le couvre-feu avaient suscité des cascades de réactions négatives sur les réseaux sociaux.

Le décès d’un jeune militaire torturé à mort pendant un interrogatoire mené par des gradés et la détention d’un blogueur qui avait dénoncé une panne d’électricité à l’hôpital général de Libreville ont aussi fait couler de l’encre ces derniers mois.

– « Attentes élevées » –

Les Gabonais, « fatigués de décennies de promesses non tenues » le voient comme « un leader pragmatique et charismatique » mais les attentes sont « élevées » et « la « déception pourrait rapidement éroder la confiance », soulignait ainsi récemment le site Gabonactu. Les coupures incessantes de courant, liées aux défaillances de la société nationale d’eau et d’électricité SEEG – dossier que le général Oligui s’est personnellement engagé à régler-  ont notamment nourri le mécontentement populaire ces derniers mois.

Le Chef de l’Etat, lui, assure que « le régime de Transition a plus fait en 19 mois que le pouvoir précédent en 20 ou 40 ans ». Alors que ses partisans le présentent comme un homme providentiel seul à même de transformer le pays, ses opposants l’accusent de ne pas représenter une vraie rupture avec le régime déchu, et surtout de vouloir confisquer le pouvoir qu’il avait promis de rendre aux civils!

C’est sans effusion de sang que cet officier chargé de protéger le cœur du système Bongo à la tête de la toute puissante Garde Républicaine (GR) a pris les rênes du pays, en dénonçant fraude électorale et détournements de fonds publics fin aout 2023. Le coup d’Etat « nous a profondément choqués » car il « a été aux côtés de mon père Ali et mon grand-père Omar, il était même un oncle pour (mon frère) Noureddine » -actuellement en prison avec sa mère Sylvia, a récemment confié Jalil Bongo au site ‘Info241’, depuis Londres où il vit.

Le Président de la Transition du Gabon Brice Oligui Nguema à Libreville le 30 avril 2024.

Parachutiste, chef charismatique, admirateur du général De Gaulle, Brice Oligui Nguema a gravi les échelons jusqu’à devenir l’aide de camp du Président Omar Bongo qui dirigea le Gabon pendant 41 ans jusqu’à sa mort en 2009. Ecarté après la succession d’Ali Bongo, le fils d’Omar, il est resté pendant dix ans attaché militaire – au Maroc puis au Sénégal- avant de revenir en force en 2019, à la tête des redoutables renseignements de la Garde Républicaine où il a obtenu en six mois ses galons de général.

Le Président de la Transition du Gabon Brice Oligui Nguema à Paris le 25 juillet 2024.

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