Adulés, Adebayor, Drogba et Eto’o, pourquoi ça marche pas au pays?

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Didier Drogba à la cérémonie du Ballon d'Or.

Abidjan (©2024Afriquinfos)- Des légendes du football africain comme Emmanuel Adebayor, Didier Drogba et Samuel Eto’o sont adorées par leurs fans et leurs compatriotes. Pourtant, malgré cet amour, ces icônes rencontrent des tensions notables avec certains acteurs du football local. Pour comprendre cette dynamique, il est essentiel d’explorer les racines de ces relations complexes.

Adebayor, Drogba et Eto’o sont des figures emblématiques qui ont brillé sur les scènes internationales. En Angleterre, en Espagne. Leur succès en Europe et ailleurs a fait d’eux des modèles de réussite. Cependant, cette gloire mondiale peut parfois les isoler des réalités du football local. En revenant dans leurs pays d’origine, ils sont souvent perçus comme des étrangers, des stars qui ont oublié leurs racines.

Qui croient tout savoir, qui veulent tout changer. Cette perception créé des tensions, surtout lorsque les joueurs locaux, les cadres du pays estiment que ces stars ne soutiennent pas suffisamment le développement du football national.

Samuel Eto’o (DR)

On a reproché et à juste titre à Didier Drogba d’être imbu, trop proche de ses sous, de prioriser la Starmania, les mondanités au lieu du Foot. Il a par exemple préféré assister à des concerts de musique au lieu d’aller sur le terrain footballistique, encadrer des gamins. Pour toutes ces raisons, il a même échoué à la présidence de la Fif (Fédération ivoirienne de football). Dernier sur 3 candidats.

Le défi du leadership

Un autre facteur est le défi du leadership. Ces joueurs, ayant souvent évolué dans des clubs de haut niveau, ont des attentes élevées en matière de professionnalisme et de gestion. C’est le cas d’Eto’o. En revenant au bercail, ils peuvent être frustrés par des structures de football souvent chaotiques et des pratiques moins professionnelles. Cette frustration peut se traduire par des critiques perçues comme des attaques par les acteurs locaux, qui, eux, travaillent dans un contexte difficile. Surtout pour un président de Fédération comme Eto’o qui n’a pas sa langue dans sa poche.

E. Adebayor quitte la pelouse ce 27 octobre 2024 après son match de gala.

De plus, les rivalités locales jouent un rôle significatif. Les stars, en étant souvent au centre de l’attention médiatique, peuvent involontairement créer des divisions. Des fans d’équipes rivales peuvent voir ces joueurs comme des symboles de favoritisme ou de népotisme, exacerbant les tensions. Les joueurs locaux peuvent se sentir dévalorisés, comme si leurs contributions étaient minimisées au profit de ces héros internationaux.

Le rôle des médias et des réseaux sociaux

L’influence des médias et des réseaux sociaux ne peut pas être ignorée. Les déclarations publiques de ces stars, même bien intentionnées, peuvent être interprétées de manière négative. Les journalistes et commentateurs peuvent amplifier les tensions en mettant en avant les contradictions entre l’image publique des joueurs et les réalités du football local.

Adebayor ne s’est pas gêné de lâcher des propos malveillants à l’encontre des membres de sa famille à qui il reprochait, comme un influenceur, d’avoir tout donné à des ingrats.

Pour aller de l’avant, il est crucial que ces icônes du football africain s’engagent davantage avec les communautés locales. En participant à des projets de développement, en soutenant les jeunes talents et en contribuant à la construction d’infrastructures, ils pourraient changer la perception qui les entoure. Un engagement authentique peut non seulement apaiser les tensions, mais aussi renforcer le football dans leurs pays d’origine.

En définitive, les relations entre Adebayor, Drogba, Eto’o et les acteurs du football local sont marquées par des émotions contradictoires. Si ces stars sont des sources d’inspiration et de fierté, les défis de la communication et de la compréhension mutuelle demeurent. En travaillant ensemble et en renforçant leurs liens, ils pourraient contribuer à un avenir plus harmonieux pour le football africain. L’amour du public est là, mais pour transformer cette admiration en une collaboration fructueuse, un dialogue ouvert et sincère est essentiel.

ALEX KIPRE, écrivain, éditeur, journaliste