Gabon: Ali Bongo Ondimba évoque pour la 1ère fois en public son AVC

Afriquinfos Editeur
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Libreville (© 2023 Afriquinfos)-Vêtu d’un ensemble blanc, c’est les larmes aux yeux que le Président gabonais est revenu pour la première fois en public sur le récit de l’AVC qu’il a subi fin octobre 2018 à Ryad (en Arabie saoudite). Ali Bongo Ondimba évoquait pour la première fois en public, cette partie de sa vie ce dimanche 2 avril 2023, journée qui marquait le 55ème anniversaire de son parti, le Parti démocratique gabonais (PDG).

C’était une séquence remplie d’émotion qu’Ali Bongo a offert ce dimanche dans un Palais des sports de Libreville plein à craquer. Lui qui n’a été vu depuis son AVC lire que des discours officiels, s’exprimait  encore pour la première fois à cœur ouvert devant des milliers de personnes, fussent-elles de sa formation politique ou pas.

Au pupitre, lunettes posées, le dirigeant a pendant quelques secondes parcouru de son regard la foule, esquissant un sourire victorieux, et puis, il s’est livré. Comme jamais sur les circonstances de l’AVC qu’il a subi à Ryad en octobre 2018. «Je le dois aux militants du PDG et aux Gabonais. Ils doivent savoir la vérité», a insisté auprès de ses proches, au début réticents, le chef de l’Etat.

«Je me retrouvais seul à table parce que les autres étaient descendus et là, j’ai été victime d’un accident», a expliqué le Président Bongo. «J’ai donc demandé qu’on appelle un médecinDès qu’il est arrivé, je ne me souviens plus de rien jusqu’à mon dernier jour en Arabie saoudite, et c’est la vérité», a-t-il témoigné. «Je me souviens seulement du dernier jour où je suis allé un peu me promener dans l’hôpital pour me détendre et après, nous sommes partis pour le Maroc», a-t-il précisé . Ajoutant que «le Roi (Mohammed VI) a tout fait pour moi», et exprimant sa «profonde gratitude envers le souverain chérifien».

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Le Président Ali Bongo Ondimba a aussi livré un détail surprenant. «Petit à petit, le français est revenu et a re-dépassé l’anglais jusqu’au moment où je suis rentré définitivement. J’ai encore quelques souvenirs comme le premier message à Noël que je vous ai fait, qui n’avait que quelques lignes», a-t-il narré, disant surtout avoir gardé en mémoire l’accueil des Gabonais à son retour du Maroc!

«C’était extraordinaire, il y avait un monde fou ! Ça m’a fait un bien fou. Vous ne pouvez pas vous rendre compte du bien que ça a pu faire. Enfin je rentrais, les Gabonais m’attendaient», a-t-il raconté, ému jusqu’aux larmes. Ali Bongo Ondimba qui a remercié les femmes gabonaises, et tout particulièrement la sienne, la première Dame Sylvia Bongo Ondimba, sans qui il n’aurait pu surmonter pareille épreuve, a longuement insisté sur le soutien moral du peuple gabonais à son endroit. «Avec un peuple comme celui-là, on se sent fort. Il n’y a pas de raison de douter», a-t-il encore apprécié.

Une ‘’révélation divine’’ pour Ali Bongo

Le Président en est convaincu, sans le soutien du Tout-Puissant, il ne serait plus aujourd’hui de ce monde. «La maladie que j’ai eue, vous savez je suis chanceux, il y a à peine 10% des gens qui revivent après cela, et aucun chef d’Etat ne figure parmi eux», a-t-il souligné.

Pour lui c’est un signe: le Divin veut qu’il survive pour rester au contact des populations et leur apporter un plus. «Parce que j’aurai pu très bien dire: bon c’est terminé, je m’en vais récupérer en douce. Mais, non ! Non ! Ce n’était pas possible, pas comme ça. Dieu a voulu que nous restions et que nous restions ensemble et que je continue à porter la voix du Gabon partout, partout», a-t-il martelé entre des applaudissements. «Je suis entièrement au service du pays car Dieu m’a donné une leçon: sois au service de ton pays», a insisté le fils d’O. Bongo Ondimba.

«Avec un peuple comme celui-là, on se sent fort. Il n’y a pas de raison de douter. Et maintenant, nous irons encore plus loin, plus loin, plus loin et nous allons le faire tous ensemble, car le pays a besoin de nous. Est-ce que nous sommes prêts à nous battre pour le pays», a déclaré Ali Bongo qui se sent désormais plus fort et certain d’avoir la confiance de ses compatriotes. Il n’en veut pour preuve que l’accueil qui lui est réservé ici et là depuis qu’il a commencé sa tournée dans l’hinterland. «Cet accueil me touche beaucoup et je sais que ça va être ça dans toutes les provinces du pays», a-t-il lancé. Indiquant que les populations lui témoignent, malgré ces longs mois d’absence, leur amour.

Cette sortie politique de M. Bongo intervient à quelques mois de la présidentielle. Le dirigeant a par ailleurs saisi cette occasion pour inviter les autres partis à rejoindre la majorité républicaine «pour former une alliance pour le développement de la Nation». Il s’est déclaré satisfait du bilan de ses 7 dernières années au pouvoir, disant vouloir améliorer d’autres points. «Il reste encore du chemin à parcourir pour l’amener là où je souhaite le hisser», a confié Ali Bongo. «C’est pourquoi, notre travail n’est pas terminé», a-t-il ajouté.

Le mystère autour d’une prochaine candidature

Toutefois, Ali Bongo qui, depuis le 12 mars 2022, semble implicitement faire part de ses velléités, n’a toujours pas officiellement annoncé sa candidature mais ses propos n’en ont que plus de pouvoir évocateur. Alors que 3 scrutins seront organisés cette année au Gabon, s’adressant à ses camarades, Ali Bongo a donné des consignes fermes. «Certes le PDG est en position de force mais, gare à l’excès de confiance», a-t-il averti invitant les PDGistes à être humbles, à l’écoute des populations, de leurs préoccupations, leurs attentes. A être présents, omniprésents sur le terrain et à bâtir un programme qui permettra au Gabon de franchir un nouveau cap.

Le président Ali Bongo a d’ailleurs estimé que c’est le seul parti capable de changer la vie des Gabonais. «Si après 55 ans notre parti est toujours là et qu’il est vigoureux, c’est parce que sa colonne vertébrale est droite. Une droiture qu’elle doit à ses valeurs: ouverture, dialogue, tolérance et paix», a-vanté le numéro un gabonais, assurant que ces valeurs ont notamment conduit à l’organisation de la récente concertation politique qu’il qualifie de succès.

V. A.