Tunisie/Présidentielle 2024: Le repêchage au compte-gouttes des candidats recalés inquiète plus d’un

Afriquinfos Editeur 278 Vues
4 Min de Lecture
Manifestation à l'appel du Front de salut national (FSN) contre une vague d'arrestations de chroniqueurs de radio et télévision pour des critiques de la situation du pays, le 12 mai 2024 à Tunis.

Le Tribunal administratif en Tunisie a annoncé ce 29 aout la réadmission dans la course à la présidentielle du 6 octobre 2024 de Mondher Zenaïdi, un ex-ministre du régime Ben Ali considéré comme un rival sérieux pour le Président Kais Saied.

Mardi 27 aout 2024, cette même instance avait annoncé la remise en selle d’un autre candidat, disqualifié dans un premier temps, Abdellatif Mekki, un ex-dirigeant du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, en acceptant son recours en appel. Le tribunal « a décidé d’accepter sur la forme et le fond le recours (en appel) déposé par Mondher Zenaïdi et d’annuler la décision (initiale) de l'(autorité électorale) ISIE« , a indiqué jeudi à son porte-parole Faycel Bouguerra.

Abdellatif Mekki, alors ministre tunisien de la Santé, le 21 février 2013 à Tunis.

Cette décision doit encore être confirmée par l’ISIE qui prévoit de communiquer la liste définitive des candidatures la semaine prochaine. « Le conseil de l’ISIE se réunira pour examiner les décisions » du Tribunal et « prendra une décision sur la liste finale, en tenant compte des jugements rendus concernant des falsifications de parrainages », a déclaré jeudi le chef de l’ISIE, Farouk Bouasker, sans donner de détails.

Selon les experts, M. Zenaïdi, 73 ans, actuellement à l’étranger, est considéré comme un candidat sérieux pour ses compétences d’ancien ministre sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali et parce qu’il pourrait obtenir les voix des principaux partis d’opposition dont Ennahdha, ennemi juré de M. Saied.

Le 10 août dernier, l’ISIE avait annoncé n’avoir retenu que trois candidatures, dont celle du Président Saied, élu démocratiquement en 2019 avant de s’octroyer les pleins pouvoirs à l’été 2021, et depuis accusé de dérive autoritaire. Les deux autres candidats en lice étaient Zouhair Maghzaoui, un ex-député de la gauche panarabiste, et un industriel quadragénaire, Ayachi Zammel.

Au total 14 autres postulants avaient été recalés pour nombre insuffisant de parrainages, manque de garanties financières ou non-respect des critères de nationalité. Le porte-parole du Tribunal a en revanche annoncé jeudi le rejet du recours en appel de la dirigeante du Parti Destourien Libre, Abir Moussi, une opposante farouche à M. Saied, qui se revendique de l’héritage d’Habib Bourguiba et de Ben Ali.

Elle est emprisonnée depuis octobre 2024 pour diverses accusations dont celle de « complot contre la sûreté de l’Etat ». Plusieurs ONG tunisiennes et étrangères ont critiqué le processus de sélection des candidats. Le 20 août, Human Rights Watch estimait qu' »au moins huit candidats potentiels (avaient) été poursuivis en justice, condamnés ou emprisonnés » et, de facto, « empêchés de se présenter ».

D’autres prétendants au poste comme l’amiral Kamel Akrout, un ancien conseiller présidentiel ou le militant politique Safi Saïd, se sont plaints d’avoir été entravés sur le plan administratif pour obtenir divers documents (formulaires de parrainage, casier judiciaire, etc..).

© Afriquinfos & Agence France-Presse