Tension diplomatique: Le CNSP tance Alassane Ouattara pour sa position tranchée sur le dossier nigérien

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

Niamey (© 2023 Afriquinfos)- Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Niger a annoncé avoir rappelé son ambassadeur en poste à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pour des consultations, dans un communiqué lu à télévision nationale nigérienne, le lundi 14 août 2023.

Selon le colonel Major Amadou Abdourahamane, qui a lu le communiqué, cette décision fait suite à des propos jugés « exagérément menaçants » émanant du Président Alassane Ouattara concernant les mesures et sanctions à l’encontre du Niger et son peuple.

Le nouveau pouvoir de Niamey accuse le dirigeant ivoirien  d’avoir fait «l’apologie de l’action armée contre» le pays. En référence au feu vert donné par des voisins ouest-africains du Niger à une possible intervention armée pour rétablir l’ordre constitutionnel, le régime militaire dénonce l’«empressement» de Ouattara à «voir se réaliser cette agression en tout point illégale et insensée contre le Niger» et qualifie ces sanctions d' »iniques et illégales »

À son retour jeudi d’un sommet de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à Abuja, le président Ouattara avait déclaré que les chefs d’État avaient donné leur accord pour qu’une opération militaire «démarre dans les plus brefs délais» afin de rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum renversé par un coup d’État le 26 juillet. Il avait annoncé que la Côte d’Ivoire fournirait «un bataillon» de 850 à 1.100 hommes, aux côtés du Nigeria et du Bénin notamment. «Les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n’y aura pas d’intervention militaire, tout dépend d’eux», avait-il martelé, ajoutant: «Nous sommes déterminés à réinstaller le président Bazoum dans ses fonctions.»

- Advertisement -

Le communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir à Niamey estime que cette «précipitation (…) atteste de la manipulation orchestrée par certaines puissances extérieures», qu’il ne cite pas. «C’est pourquoi le CNSP et le gouvernement du Niger expriment leur rejet total des propos tenus» par Alassane Ouattara «qui vont au-delà de la position commune de l’organisation sous-régionale (Cédéao) elle-même déniée de fondement légal, et décident du rappel de l’ambassadeur du Niger à Abidjan pour consultation».

Ils soulignent également que “ces sanctions ne faibliront pas leur détermination” à œuvrer pour le redressement de leur pays et la sauvegarde de leurs intérêts nationaux.

Le communiqué met aussi en évidence le choc ressenti par les Nigériens en entendant les propos émanant du Président Alassane Ouattara. Selon le CNSP, ces paroles sont une tentative de déstabilisation du pays et de destruction de son peuple, plutôt qu’une expression de la volonté du peuple ivoirien.

Le Colonel-Major Abdourahamane a souligné que ces propos reflètent « une injonction » adressée au Président Ouattara et à certains de ses pairs de la Cedeao par d’autres puissances extérieures, dans le but de servir des intérêts qui ne correspondent pas aux réalités et aux aspirations actuelles du Niger.

Jeudi, les dirigeants de la Cedeao avaient réaffirmé privilégier la voie diplomatique pour rétablir le président Bazoum, tout en ordonnant le déploiement de la «force en attente» de l’organisation, sans dévoiler le calendrier ni les modalités d’une éventuelle intervention militaire ouest-africaine.

Afriquinfos