Sortie en France ce 20 octobre d’un émouvant documentaire rendant hommage à ‘Tonton Manu’ Dibango

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2021 Afriquinfos)- A peine le montage du film consacré à son portrait prenait fin, qu’il a été emporté par la Covid-19 le 24 mars 2020. Toutefois Manu Dibango a  pu voir ce beau portrait qui lui est consacré dans ce film intitulé Tonton Manu, peu avant son décès.

Réalisé par Patrick Puzenat et Thierry Dechilly,  dans ce film sortie en France ce mercredi 20 octobre 2021, on pouvait regarder et entendre l’artiste humble et fataliste dire : « Tu arrives à poil, tu pars à poil». Mais il ajoutait : «La musique, elle, reste».

Selon jeune Afrique, le documentaire rend ainsi hommage à un homme qui pense que musique et politique font bon ménage. Qui aime rappeler que le premier grand succès musical africain des années 1960 fut Indépendance Cha Cha. Après l’indépendance de son pays natal, c’est à lui qu’incombera la tâche de créer et de diriger l’orchestre de la radio-télévision camerounaise. Ces dernières années encore, il affirmait que le principal problème de l’Afrique n’était pas économique mais culturel. Et il ne s’était pas fait prier lors des Jeux olympiques de Rio, en 2016, pour jouer le rôle d’ambassadeur de la Francophonie.

Pour ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, le célèbre saxophoniste camerounais était toujours positif et optimiste. Son air éternellement rigolard et sympathique lors de ses apparitions publiques n’était en rien une posture. Cet homme dont la stature en imposait et qui ne disait jamais de mal de personne était vraiment comme ça, et depuis toujours. En témoigne encore, si nécessaire, le documentaire « Tonton Manu » qui lui est consacré six mois après sa mort et dont les auteurs sont deux producteurs et réalisateurs séduits par le personnage, les Français Patrick Puzenat et Thierry Dechilly.

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Partis à l’origine, en 2013, pour réaliser un biopic qui serait aussi un film-hommage alors que Manu Dibango, en pleine forme, s’apprêtait à fêter ses 80 ans, ils l’ont finalement suivi pendant cinq ans autour du monde. Ce qui permet de considérer ce long-métrage comme une sorte de road-movie musical, juste entrecoupé d’interviews de personnalités évoquant tel ou tel épisode de la vie du saxophoniste, de Yannick Noah au rappeur Black M, ainsi que de nombreux flashbacks qui nous font découvrir l’ensemble de son parcours.

Une légende du jazz toujours en live

C’est dès la petite enfance que le petit Camerounais tombe littéralement dans la musique, à Douala : « Ma famille était protestante. J’ai découvert la musique à l’église, où mon oncle jouait de l’orgue et ma mère dirigeait la chorale. » Rien d’étonnant, donc, si c’est comme interprète de soul music que Manu Dibango émerge dès les années 1960, bien avant son plus grand succès, Soul Makossa, en 1973.

Il reste fidèle à ses origines, ne renonçant pas à son passeport camerounais bien que résidant le plus souvent dans l’Hexagone. Et s’il joue et compose des morceaux aux influences diverses, ceux-ci doivent en grande partie leur spécificité à leur sonorité africaine. Pourquoi, alors, avoir adopté le saxophone ? « Enfant, déjà, j’adorais regarder cet instrument, plein de boutons. Mais comme c’était moins cher, j’ai commencé par la mandoline. Jusqu’à ce qu’un copain me prête un jour le saxophone qu’il possédait … et que je ne lui ai jamais rendu. »

« Je suis simplement un amateur de jazz, je joue à ma façon »

Le plus souvent considéré comme un musicien de jazz, Manu Dibango se montre effectivement excellent dans ce registre. Depuis toujours : ne fut-il pas le premier Africain invité, dès le début des années 1970, à jouer à l’Apollo, temple new-yorkais du jazz, qu’il revisitera 40 ans plus tard pour les besoins du film ? Il suffit de l’entendre et de le voir improviser lors des innombrables concerts, récents ou plus anciens, auxquels le film nous convie à assister pour être certain qu’il fait partie des grands du genre.

Mais s’il ne réfute pas sa réputation de pionnier de la world music, il ne se considère pas comme un véritable jazzman. « Je suis simplement un amateur de jazz, se contentait-il d’affirmer. Et je joue à ma façon. » Autrement dit, ce qui est incontestable, dans un style original qui n’appartient qu’à lui.

Manu Dibango laisse en tout plus de 40 albums.

 Akpéné Vignikpo