Sommet de la Ligue arabe en Algérie sans les souverains du Maroc et d’Arabie Saoudite

Afriquinfos Editeur
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Alger (© 2022 Afriquinfos)- Les dirigeants arabes se réunissent ces 1er et 2 novembre 2022 à Alger la capitale algérienne, pour le 31e sommet de la Ligue arabe. Cette rencontre, la première depuis trois ans, est bien particulière. Elle est marquée par l’absence de certains souverains.

Pourtant confirmée depuis longtemps, la participation du roi du Maroc a été finalement déclinée à la dernière minute.  Mohammed VI a finalement renoncé à l’invitation d’Alger à assister au sommet de la Ligue arabe.

La cause, selon certains médias, le «traitement peu diplomatique» réservé à la délégation marocaine à Alger lors de la réunion ministérielle en amont du sommet, ainsi que la «persistance des attaques» dont le Maroc fait l’objet dans les médias algériens. Le Maroc est cependant représenté par son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

Alger voulait faire du sommet de la Ligue arabe un événement «rassembleur», mais de nombreux chefs d’Etat ont annulé leur venue. La défection la plus remarquée a été celle de Mohammed ben Salmane (MBS), prince héritier saoudien et dirigeant de facto du royaume, qui avait initialement confirmé sa présence. Le 23 octobre, Riyad a annoncé que des médecins lui avaient déconseillé les longs voyages en avion en raison d’un traumatisme à l’oreille. Jamais un tel problème de santé de MBS n’avait été évoqué par le passé.

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Depuis, d’autres monarques lui ont emboîté le pas. Selon la presse arabe, l’émir du Koweït, Nawaf al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, le sultan d’Oman, Haïtham ben Tariq, le roi de Bahreïn, Hamed ben Issa Al Khalifa, ou le roi Abdallah II de Jordanie ne feront pas le déplacement jusqu’à Alger. Pas plus que le chef de l’Etat libanais, Michel Aoun, dont le mandat présidentiel s’est achevé lundi sans successeur désigné. «Pour les monarchies du Golfe, la Ligue arabe, moins importante que le Conseil de coopération du Golfe, n’est pas une priorité, analyse Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen de Genève. La position d’Alger sur la question palestinienne a également refroidi certains dirigeants, qui n’ont pas envie de rappels à leurs obligations envers les Palestiniens après la normalisation de leurs relations avec Israël».

A l’heure où certains pays membres ont normalisé leurs relations avec Israël (Emirats arabes unis, Bahreïn, Maroc, Soudan) dans le cadre d’une série d’accords négociés par Washington, les dirigeants arabes devront néanmoins se livrer à des contorsions diplomatiques dans la formulation des résolutions finales sur le conflit israélo-palestinien. D’autant que l’Algérie, farouche soutien des Palestiniens, a parrainé mi-octobre un accord de réconciliation entre les factions palestiniennes rivales du Hamas et du Fatah.

Longtemps effacée de la scène internationale en raison de la diplomatie proactive de son voisin marocain sur le dossier du Sahara occidental et après la répression des manifestations du «Hirak», l’Algérie veut profiter du sommet pour sortir de son isolement. Les autorités ont déployé des efforts considérables pour mettre en scène ce rôle d’hôte rassembleur de la grande famille panarabe.

Plusieurs grands sujets sont à l’ordre du jour de l’événement. La question de la sécurité alimentaire, cette année, est l’une des priorités des 22 pays membres : la plupart sont extrêmement dépendants des importations de céréales, notamment de l’Ukraine, et font face à une inflation galopante depuis le début de la guerre.

Les ingérences iraniennes et turques dans la région devraient également être abordées. Enfin, Alger entend peser sur un autre dossier : la réforme de l’institution panarabe, dont le fonctionnement n’a pas changé depuis sa création, en 1945.

V. A.