Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a appelé à la vengeance après des violences menées selon lui contre ses supporteurs avant les élections parlementaires prévues dimanche 17 novembre 2024, s’attirant les foudres de l’opposition qui a dénoncé un ‘appel au meurtre’.
M. Sonko, tête de liste du parti Pastef aux législatives 2024 et Chef de Gouvernement depuis avril dernier, a fait état dans la nuit de lundi à mardi 12 novembre sur son compte Facebook d’attaques subies par son camp à Dakar, Saint-Louis (nord) ou encore Koungueul (centre).
Il les impute à des sympathisants du Maire de Dakar Barthélémy Dias, qui dirige une coalition concurrente en lice aux élections législatives de dimanche, et a été condamné pour la mort d’une personne par balle en 2011 dans un contexte de violences politiques. Les Sénégalais sont appelés à élire une nouvelle Assemblée après la dissolution anticipée prononcée, en septembre 2024 par le nouveau Président Bassirou Diomaye Faye, du Parlement issu des élections de 2022, et encore dominé par le camp de l’ancien Président Macky Sall.
Le Pastef vise une majorité permettant à M. Faye, vainqueur de la présidentielle de mars 2024, et à M. Sonko, de mettre en œuvre leurs promesses de rupture et de transformation de l’Etat. ‘Que chacune des agressions subie par Pastef de leur part depuis le début de la campagne, que chaque patriote qu’ils ont agressé et blessé soit proportionnellement vengé. Nous exercerons notre droit légitime à la riposte’, a déclaré M. Sonko sur Facebook.
‘Barthélémy Dias et sa coalition ne doivent plus battre campagne dans ce pays’, dit-il.
Au début de la campagne, ‘j’ai appelé les ministres de l’Intérieur et de la Justice en tant que candidat. Trois agressions, zéro arrestation. C’est la faillite de l’Etat’, a détaillé M. Sonko lundi 11 novembre 2024 en langue locale wolof, sur une vidéo consultée par l’AFP sur une télévision locale.
M. Sonko s’exprimait à Rufisque, près de Dakar, après les incidents à Saint-Louis. Il a accusé des opposants d’avoir ‘violemment attaqué et blessé’ ses partisans dans cette ville avec des ‘couteaux, sabres et grenades lacrymogènes’. ‘J’interpelle une fois de plus l’Etat du Sénégal. Un Etat ne doit pas être faible. J’ai plusieurs fois interpellé M. le Président de la République. Si l’Etat ne règle pas ce problème, nous allons le faire nous-même et nous avons les moyens de le faire’, a asséné O. Sonko.
Un rassemblement des militants du Pastef est prévu dans l’après-midi de ce 12 novembre aux alentours du domicile du Maire de Dakar, a dit à l’AFP un responsable du parti.
– « Climat de terreur » –
La coalition de M. Dias, Samm Sa Kaddu, a dénoncé dans un message publié sur les réseaux sociaux un ‘appel au meurtre assumé par l’actuel Premier ministre sénégalais’. Elle dit avoir été elle-même visée par de ‘multiples attaques’. ‘Ousmane Sonko, dévoré par la peur de la défaite, tente désespérément de museler la démocratie en tentant d’instaurer un climat de terreur’, ajoute-t-elle.
‘La coalition Samm Sa Kaddu tient Ousmane Sonko pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à ses membres, ses militants, ses sympathisants et ses électeurs’, dit-elle. De multiples violences ont marqué la campagne, ouverte le 27 octobre 2024 pour une durée de 21 jours.
© Afriquinfos & Agence France-Presse