São Tomé (© 2025 Afriquinfos)- Le président de Sao Tomé-et-Principe a nommé ce jeudi 9 janvier, Ilza Amado Vaz Première ministre, selon un décret publié trois jours après le limogeage du précédent chef du gouvernement pour son «incapacité» à résoudre les problèmes de ce petit archipel africain et ses absences «fréquentes».
«Madame Ilza Maria dos Santos Amado Vaz est nommée Première ministre et cheffe du gouvernement» indique le décret signé jeudi par le président Carlos Vila Nova. Ministre de la Justice, de l’Administration publique et des Droits de l’homme dans le précédent gouvernement, elle devient la troisième femme Première ministre de l’histoire de l’archipel.
Lundi 6 janvier, le président du petit archipel africain de São Tomé-et-Principe, Carlos Vila Nova, a limogé le gouvernement en raison de son « incapacité » à résoudre les problèmes du pays et des absences « fréquentes » du Premier ministre Patrice Trovoada. Ce dernier a vivement contesté cette destitution dénonçant une décision «motivée par des intérêts politiques» et selon lui inconstitutionnelle car ne respectant pas les dispositions prévues pour dissoudre le gouvernement. Le parti Action démocratique indépendante (ADI), dont sont issu le président et le Premier ministre, a annoncé mardi faire appel devant la Cour constitutionnelle.
« Nous demandons que la Cour constitutionnelle se prononce en urgence, car il s’agit d’une révocation motivée par des intérêts politiques […]. M. Carlos Vila Nova, président de la République de São Tomé-et-Principe, a, à notre avis, violé la Constitution », a déclaré Patrice Trovoada mardi lors d’une conférence de presse retransmise sur sa page Facebook officielle, au siège du gouvernement, en présence des ministres. Selon le chef du gouvernement démis, le président n’a pas respecté les conditions prévues par la Constitution pour dissoudre le gouvernement.
Quelques heures avant que la proposition de Madame Ilza Maria dos Santos Amado Vazne soit connue, l’ADI avait défendu la tenue d’élections anticipées.
Le président Vila Nova, élu en 2021, avait également demandé au parti de l’Action Démocratique Indépendante (ADI, centre droit), arrivé en tête aux dernières législatives de 2022 et dont il est issu comme M. Trovoada, de «présenter dans un délai de 72 heures une autre personnalité pour assumer le poste de Premier ministre et chef du gouvernement.»
Vers la fin du règne des Trovoadas?
Patrice Emery Trovoada naît le 18 mars 1962 à Libreville, au Gabon. Son père, Miguel Trovoada, a été président de la République de 1991 à 20011. Son père, Miguel Trovoada, fut le tout premier Premier ministre du pays après l’indépendance, il y a quarante ans, puis le premier président élu démocratiquement, en 1991.
Nommé en novembre à la tête du gouvernement, et ce pour la troisième fois depuis 2008, cet économiste de formation dispose, avec l’Action démocratique indépendante (ADI), d’une majorité confortable à l’Assemblée. La cohabitation avec le président Manuel Pinto da Costa, qui dirigeait également le pays en 1975, devrait être plus simple qu’elle ne le fut du temps de son père – les deux hommes étaient des adversaires notoires. Et c’est tant mieux, car les chantiers ne manquent pas dans ce petit archipel de moins de 200 000 habitants.
Ancienne colonie portugaise indépendante depuis 1975, Sao Tomé-et-Principe est un archipel lusophone très pauvre du golfe de Guinée d’environ 200.000 habitants, à l’histoire émaillée de tentatives de coup d’Etat.
En novembre 2022, Patrice Trovoada, déjà Premier ministre à l’époque, avait annoncé que l’armée avait déjoué une nouvelle tentative.
Après les tentatives de coup d’Etat de 2003 et 2009, le régime parlementaire s’était stabilisé, et le pays s’est affirmé comme un modèle de démocratie parlementaire en Afrique.
Depuis l’instauration du multipartisme en 1991, après 15 années d’un régime marxiste de parti unique, l’archipel est habitué aux alternances au pouvoir entre l’ADI et le Mouvement de libération du Sao Tomé-et-Principe-Parti social-démocrate (MLSTP-PSD, centre-gauche).
Sur le plan stratégique, en mai dernier, le gouvernement portugais avait fait état de sa «grande inquiétude» après avoir appris que Sao Tomé-et-Principe avait signé un accord de coopération militaire avec la Russie.
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