La riposte de Djibouti face au fléau du sida

Afriquinfos Editeur
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Il a été successivement formulé des Plans Stratégiques Nationaux Quinquennaux de Lutte contre le VIH/sida (en 2003-2007, 2008-2012 et enfin 2012-2016).

Dans le plus petit Etat de la Corne d'Afrique, la lutte contre le VIH/sida constitue une priorité nationale.

"Avec un taux de prévalence qui tourne autour de 3% depuis une décennie, la situation du sida à Djibouti semble se stabiliser", s' en réjoui Mohamed Ali, responsable du programme national de lutte contre le sida au ministère djiboutien de la santé.

Les enquêtes de sérosurveillance réalisées entre 2002 et 2010 indiquent une tendance à la stabilisation de l'épidémie dans une fourchette située entre de 2% et 3%.

Le nombre de personnes vivant avec le VIH est estimé à 14.000 et le nombre de décès dus au sida est d'environ 1000 personnes en 2010. La Surveillance épidémiologique montre une hétérogénéité dans la distribution de l'infection à VIH selon le sexe avec une féminisation de l'épidémie.

L'épidémie du VIH est essentiellement concentrée dans la tranche d'âge de 20 à 34 ans aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural.

Cette tranche d'âge représente 52% de la population âgée de 15 à 49 ans et les jeunes représentent 45% de la population totale. On note une féminisation de l'épidémie car 55,1% des personnes infectées sont des femmes.

Si l'épidémie semble être jugulée, c'est grâce aussi au concours de plusieurs partenaires nationaux. En effet, les autres secteurs se sont engagés progressivement, en particulier le Secrétaire d'Etat à la Jeunesse à travers les centres de développement communautaire où se rencontrent les jeunes.

Le ministère de l'Education nationale, à travers l'intégration des aspects de lutte contre le VIH et sida dans les curricula scolaires à partir du collège.

Pour sa part, le ministère djiboutien de la Justice s'est fortement mobilisé pour la protection des droits des personnes vivant avec le VIH et une loi en la matière a été votée par le parlement et promulguée par le Président de la République en  2007.

Enfin, le ministère de la Promotion de la Femme continue de mobiliser les acteurs sociaux pour la prise en  charge et l' intégration sociale des orphelins et autres enfants vulnérables.

La lutte contre le VIH à Djibouti est mise en oeuvre à travers des plans multisectoriels quinquennaux. Le plan stratégique actuel couvrant la période 2008-2012 s'est donné pour but principal de Réduire les nouvelles infections par le VIH, améliorer la prise en charge globale des personnes vivant avec le VIH et renforcer la coordination, la gestion et le suivi et évaluation de la réponse nationale selon un rapport établi en 2010.

Les principaux résultats obtenus sont encourageants et permettent de constater une amélioration de la prise de conscience du risque parmi la population générale attestée par le fait que plus de 95% des personnes impliquées dans les enquêtes connaissent les dangers du VIH et son impact négatif sur le développement.

Une amélioration très nette de la prise en charge incluant un accès totalement subventionné pour les antirétroviraux adultes et enfant (de 4,9% en 2004 à 21,6% en 2009.) par contre une augmentation plutôt lente dans la prophylaxie dans le cadre de la transmission mère et Enfant  PTME. Il faut signaler que 22 centres de dépistage sontfonctionnels.

Aussi il y a lieu de rappeler l'engagement de la société civile qui prend part activement à la lutte contre le sida à Djibouti. Des associations comme  "Oui à la vie"  et d'autres réseaux s' activent sur le terrain pour sensibiliser et prévenir les populations.

Plus de cinq associations de personnes vivant avec le VIH sont fonctionnelles à Djibouti.

En ce qui concerne les discriminations à l'endroit des personnes infectées par le virus, les attitudes vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH se sont nettement améliorées.

La structure DASAP (Dispositif d'appui Social et d' Accompagnement Psychosocial) mise en place pour l'accompagnement psychosocial, a permis d'améliorer la qualité de vie des PVVIH au point que nombre d'entre eux sont désormais des acteurs clé dans la réponse selon les précisions du programme national de lutte contre le sida.

Dans le cadre de la transmission de la mère à l'enfant, le programme de prévention du risque de la transmission sanguine est un véritable succès. Car 100% de dons de sang sont soumis à un dépistage de qualité sur tout le territoire national.

La séroprévalence du VIH chez les donneurs de sang continue à diminuer passant de 1,4% en 2007 à 0,3% en 2009 si l'on se fie au rapport 2010 du ministère de la santé.

La politique nationale de prise en charge a été conçue de manière à permettre un accès universel à toute personne vivant sur le territoire de Djibouti incluant les populations étrangères aux soins VIH et au Traitement Antirétroviral.

Cette prise en charge est organisée autour de trois programmes, à savoir  l'amélioration du diagnostic, de la prophylaxie et du traitement des infections opportunistes, le renforcement de l' accès universel aux ARV pour les enfants et les adultes, l' amélioration de la prise en charge de la co-infection tuberculose et VIH.

Au total, 27 centres de soins dont 25 publics et 2 privés ont été ouverts depuis 2003 et offrent le traitement antirétroviral y compris dans les 5 régions que compte Djibouti.

En matière de prise en charge thérapeutique, le nombre des patients sous traitement ARV est passé de 149 en 2004 à 816 en 2008 et 913 en 2009 selon les statistiques établies par le ministère de la santé.

Malgré la disponibilité des services, le poids de la stigmatisation et de la discrimination frein encore l'accès aux soins malgré les efforts en termes de législation du gouvernement en faveur de la protection des personnes vivant avec le VIH et sida depuis 2007.   Les personnes infectées par le virus du sida reçoivent un appui constant. Il faut préciser qu'entre 800 et 850 personnes, essentiellement des personnes sous traitement antirétroviral, reçoivent de l'appui alimentaire afin d'améliorer leur statut nutritionnel. Ce programme est mis en oeuvre en collaboration avec le Programme Alimentaire Mondial.

La politique nationale de lutte contre le VIH vise à appuyer les orphelins et enfants vulnérables avec la mise en place d'un programme spécifique pour les OEV exécutés au niveau du ministère de la promotion de la femme et des affaires sociales.

La mise en oeuvre est faite grâce à l'appui du tissu associatif à base communautaire opérant en tant qu'agence d'exécution pour faire parvenir les services aux Orphelins et Enfants vulnérables.

Les services mis à la disposition des OEV incluent entre autres: l'appui à la scolarisation, l'appui à l'insertion dans le milieu professionnel ainsi que l'appui nutritionnel qui constitue un volet primordial en étroite collaboration avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM).