Règlement à l’amiable de l’affaire des ’49 militaires ivoiriens’, seule voie de sagesse en la matière

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Carte du Mali.

Le gouvernement de transition malien considère les 49 militaires ivoiriens interpellés dimanche dernier à l’aéroport de Bamako comme « des mercenaires » et a décidé lundi dernier de les « mettre à disposition des autorités judiciaires compétentes ».

« Il a été établi que les quarante-neuf militaires ivoiriens se trouvaient illégalement sur le territoire national du Mali (…) en possession d’armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission ni autorisation », a déclaré le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga dans un communiqué lu lundi soir à la télévision nationale. « Le dessein funeste des personnes interpellées était manifestement de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel », a affirmé M. Maiga. Le Mali, pays enclavé au coeur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d’Etat militaires en août 2020 et en mai 2021. Il a récemment adopté un calendrier de transition devant permettre un retour des civils au pouvoir en mars 2024.

La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis le déclenchement, en 2012, d’insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord.

– « Éléments nationaux de soutien » –

Le porte-parole de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) Olivier Salgado avait laissé entendre plus tôt que les militaires interpellés faisaient partie d' »éléments nationaux de soutien » (NSE) logistique à la Minusma.

Les NSE, a précisé M. Salgado sur son compte Twitter, sont « des effectifs nationaux déployés par les pays contributeurs de troupes, en soutien à leurs contingents », « une pratique communément appliquée dans les missions de maintien de la paix ». « D’après nos informations, leur relève du 10 juillet aurait été préalablement communiquée aux autorités nationales », avait-il aussi affirmé. Les autorités maliennes relèvent pour leur part que leur ministère des Affaires étrangères n’avait pas été informé par les canaux officiels.

Le gouvernement malien a aussi noté une « violation flagrante » du code pénal malien « incriminant les atteintes à la sûreté extérieure de l’Etat dont l’atteinte à l’intégrité du territoire ». Une partie des militaires ivoiriens retenus sont venus au Mali sur la base d’une convention pour travailler sur la base logistique de la société Sahelian Aviation Services (SAS) pour le compte de la Minusma, avait déclaré à l’AFP un diplomate ivoirien sous couvert de l’anonymat. Le gouvernement malien affirme de son côté que quatre versions différentes ont été avancées par les militaires interpellés pour justifier leur présence sur le territoire malien : « la mission confidentielle, la rotation dans le cadre de la Minusma, la sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne Sahelian Aviation Services et la protection du contingent allemand ».

– Information virale –

Il a ainsi décidé « de mettre fin, avec effet immédiat, à l’activité de protection de la compagnie aérienne « Sahelian Aviation Services » par des forces étrangères et exiger leur départ immédiat du territoire malien ». L’information de « l’arrestation » de militaires ivoiriens a commencé à être diffusée dimanche dernier sur les réseaux sociaux avant de devenir virale, certains accusant ces soldats d’être « des mercenaires » venus au Mali « faire un coup d’Etat ».

Les autorités ivoiriennes demanderont plus tard la « libération immédiate de ces 49 militaires ». La confusion dans ce dossier a grossi quand des confidences au siège de l’ONU ont pris en milieu de semaine le contre-pied de l’explication fournie par la Minusma autour de ces hommes en treillis.

En janvier dernier, la junte avait demandé au Danemark de retirer ses troupes tout juste arrivées mais déployées « sans son consentement ». Copenhague avait dénoncé « un jeu politique sale ». La junte au pouvoir à Bamako s’est détournée de la France et de ses partenaires, et s’est tournée vers la Russie pour tenter d’endiguer la propagation jihadiste qui a gagné le centre du pays ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins.

Ces violences ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés. Avec ses quelque 13.000 soldats, la Minusma – créée en 2013 pour soutenir le processus politique malien – a été prolongé d’un an le 29 juin.

Manifestation en soutien à la junte militaire et à la coopération avec la Russie, à Bamako, le 13 mai 2022.