Présidentielle ivoirienne de 2025: Ce sur quoi compte Billon…

Afriquinfos Editeur
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J.-L. Billon, homme politique ivoirien (DR).

Abidjan (© 2024 Afriquinfos)- Jean-Louis Billon, ancien ministre et homme politique influent, se positionne désormais comme un challenger sérieux après avoir eu des velléités contre Henri Konan Bédié. Mais surtout contre son futur concurrent, Tidjane Thiam pour la convention présidentielle du PDCI en 2025.

Son geste de briguer la tête du parti n’est pas anodin et peut se comprendre comme une combinaison complexe de facteurs politiques stratégiques, d’ambition personnelle et de calculs internes. Plusieurs dynamiques sous-jacentes expliquent cette démarche.

D’abord, Billon semble animé par une ambition personnelle forte. Il nourrit sans doute l’idée d’une gouvernance différente de celle de son prédécesseur, Thiam. L’ancien ministre pourrait estimer que sa vision, plus dynamique et plus moderne, serait mieux à même de répondre aux enjeux politiques, sociaux et économiques du pays. Dans un contexte où le parti se cherche un nouveau souffle, Billon semble vouloir incarner le changement nécessaire. Il défend ainsi une nouvelle orientation, susceptible de sortir le PDCI de la logique de gestion du passé et de lui donner une nouvelle impulsion pour l’avenir.

Ensuite, l’ancien ministre se sent probablement soutenu par une base électorale significative, non seulement au sein du PDCI, mais aussi parmi certains segments de l’opinion publique. Sa perception de la légitimité populaire lui confère une confiance importante pour rivaliser avec Thiam, qu’il considère peut-être comme plus éloigné des réalités politiques actuelles du pays. Cela est d’autant plus vrai si l’on considère que Thiam, tout en étant un ancien ministre influent, semble plus éloigné des dynamiques populaires et des aspirations des jeunes et des populations rurales.

Ce soutien populaire n’est pas seulement le fruit de la perception de Billon, mais est également renforcé par des groupes d’influence et des réseaux politiques qui l’encouragent à se lancer dans la bataille de la présidence du PDCI. En outre, ces soutiens, bien souvent clandestins, ont un impact crucial sur sa décision de participer à la convention. Des pressions internes au sein du PDCI, qui est traversé par des rivalités intestines, notamment avec l’actuel président, influencent fortement cette dynamique. Il se pourrait même que Billon, en tant que candidat de rupture, incarne l’espoir de ceux qui souhaitent une recomposition interne du parti voire une refonte des alliances politiques du PDCI. Parti à forte influence ethnique Baoulé.

L’aspect symbolique de sa candidature ne doit pas être sous-estimé. En tant que métis, Billon représente, aux yeux de certains, une figure politique de transition, un ciment capable de concilier les différentes composantes ethniques, régionales et sociales du pays. La diversité et l’inclusivité sont des enjeux majeurs dans un contexte où les tensions ethniques et régionales sont souvent instrumentalisées dans les jeux politiques. En incarnant une certaine diversité, Billon pourrait ainsi répondre à un besoin d’unité au sein du PDCI, mais aussi au sein de l’électorat national. Dans ce cadre, son métissage devient non seulement une force symbolique, mais aussi un levier stratégique dans la quête de représentativité.

Enfin, la candidature de Jean-Louis Billon à la convention du PDCI en 2025 est une combinaison de stratégies politiques, d’ambition personnelle, de soutien populaire et de calculs internes complexes. S’il parvient à capitaliser sur sa légitimité, sa vision et le soutien d’un réseau solide, il pourrait bien redéfinir les lignes de fracture au sein du PDCI et représenter un acteur-clé de l’avenir politique de la Côte d’Ivoire.

ALEX KIPRE, écrivain, éditeur, journaliste