Alger (© 2019 Afriquinfos)- C’était une abstention record au scrutin présidentiel fermement rejetée par le mouvement populaire de contestation ayant emporté en avril le président Abdelaziz Bouteflika, dont ils étaient appelés à élire le successeur, en Algérie ce jeudi. Plus de six Algériens sur dix ont boudé les urnes jeudi.
Selon les chiffres annoncés en fin de soirée à la télévision nationale par Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), seuls 39,93% des inscrits ont voté jeudi.
Le taux de participation au niveau national s’établit à 41,41% et celui des Algériens de l’étranger à 8,69%, a-t-il ensuite expliqué. Selon M. Charfi.
Ce taux est le plus faible de toutes les présidentielles pluralistes de l’histoire de l’Algérie.
Il est inférieur de plus de 10 points à celui du précédent scrutin – le plus faible jusqu’ici -, qui en 2014 avait vu la 4e victoire de M. Bouteflika.
Le « Hirak », le « mouvement » de contestation populaire massif et inédit du régime qui a contraint M. Bouteflika à la démission, rejetait catégoriquement la tenue de cette élection, vue comme un moyen de se régénérer pour le « système » au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.
Ce mouvement exige la fin de ce « système » aux manettes depuis l’indépendance en 1962, et le départ de tous les anciens soutiens ou collaborateurs des 20 ans de présidence Bouteflika.Ce que sont les cinq candidats (Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi et Abdelmajid Tebboune).
L’Anie annoncera les résultats du 1er tour vendredi à 15H00 (14H00 GMT), a indiqué son président.
Un éventuel second tour se déroulera entre le 31 décembre et le 9 janvier, selon l’Anie.
Aucune projection de résultat n’a été publiée, mais le camp d’Abdelmajid Tebboune, ancien bref Premier ministre de M. Bouteflika en 2017, a revendiqué dans la soirée la victoire au 1er tour.
« Selon les premiers éléments en notre possession (…) Abdelmadjid Tebboune a remporté la présidentielle avec un score de 64% » des votants », a déclaré à l’AFP Abdelatif Belkaim, directeur adjoint de la communication du candidat.
Morne dans de nombreux bureaux de vote, la journée a été marquée à Alger par une démonstration de force du « Hirak » qui a bravé un très fort déploiement policier pour défiler en masse.
Une foule estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes est parvenue à envahir les rues du centre de la capitale, malgré les interventions systématiques et souvent brutales de la police à chaque tentative de rassemblement.
« Makache l’vote » (pas de vote!), a scandé la foule qui s’est séparée en fin d’après-midi, avant que la police ne disperse à coups de matraque la centaine de protestataires restants, selon une journaliste de l’AFP.
AFP