Premier Sommet Arabie-Afrique conclu sur un succès prometteur: Plusieurs dirigeants d’Afrique se projettent sur 2030

Afriquinfos Editeur
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Ryad (© 2023 Afriquinfos)-  L’Arabie Saoudite, nouveau membre des BRICS, vient d’accueillir le premier sommet Arabie saoudite-Afrique (10 novembre 2023), sous l’égide de son prince héritier Mohamed ben Salman. De nombreux chefs d’État et de gouvernement africains ont répondu présents à l’invitation. Parmi eux : le président ivoirien Alassane Ouattara, le président guinéen Mamadi Doumbouya ou encore le président de la transition gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema, le président togolais Faure Gnassingbé, le béninois Patrice Talon.

Près de 25 milliards de dollars jusqu’en 2030, c’est le montant des investissements en Afrique promis par l’Arabie saoudite. Le double de l’argent investi lors de la dernière décennie. Cinq milliards de dollars supplémentaires seront dédiés à des projets de développement. Tous ces chiffres sont communiqués par l’agence de presse officielle du pays.

Face à ces promesses, le président nigérian Bola Tinubu s’est montré enthousiaste. ‘’Je tiens à rassurer les potentiels investisseurs saoudiens : leurs investissements sont sûrs dans la première économie d’Afrique’’.

Douze pays africains ont aussi signé des accords de prêt avec le Fonds saoudien pour le développement. Ces prêts doivent servir à financer des projets dans les domaines de la santé, de l’eau ou encore de l’éducation. L’Arabie saoudite compte également renforcer ses relations diplomatiques avec le continent en ouvrant de nouvelles ambassades, sans que l’on sache dans quels pays.

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La présence économique et diplomatique de l’Arabie saoudite en Afrique ne cesse de s’étendre depuis plusieurs années.  Pour Marc Lavergne, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste des relations entre les pays du golfe et le continent africain, l’Arabie saoudite aujourd’hui a décidé, sous l’égide de son prince héritier Mohamed ben Salman, de développer ses rivages sur la mer Rouge, c’est-à-dire face à l’Afrique.

’Il y a donc une politique africaine de l’Arabie saoudite en quelque sorte. Ce qui se passe actuellement en Afrique, avec le coup d’État au Niger par exemple, a fragilisé un certain nombre de situations et montré que la communauté internationale a du mal à stabiliser le continent, y compris les grandes organisations régionales comme la Cédéao. Donc c’est une fenêtre d’opportunité peut-être pour l’Arabie saoudite pour se présenter comme un recours.’’, a-t-il expliqué sur Rfi.

Selon la même source, l’Arabie saoudite utilise la diplomatie religieuse pour étendre son influence en Afrique. ‘’D’abord, c’est le siège des lieux saints. C’est le cœur de l’islam et ça résonne auprès de tous les pays africains du Sahel en particulier. Il y a une légitimité de l’Arabie saoudite à assumer une sorte de tutorat, ou en tout cas moral, à essayer de régler les problèmes de l’Afrique. Il y a toujours cette dimension qui est financière, parce que ça veut dire distribuer des Corans, construire des mosquées, former des imams aussi’’, dit-il.

Le cas d’école avec le Tchad  que confirme Ahmat Mahamat Hassan, professeur en droit public à l’université de N’Djamena. Il souligne : ‘’les relations entre l’Arabie Saoudite et le Tchad ont aussi fortement évolué.  Les relations ont commencé dans le contexte confessionnel et religieux pour renforcer l’islamisation en quelque sorte. C’est comme cela qu’il y a eu la grande mosquée centrale de N’Djamena qui a été construite en 1973. Le contexte a changé, aujourd’hui, la géopolitique a changé. L’Arabie saoudite est à la recherche de son positionnement en tant que leader du Golfe et du monde arabe« , explique cet ancien ministre tchadien de la Justice et des droits de l’homme.

L’Afrique un important débouché

Sur le plan des investissements, le marché africain constitue un débouché important pour les investissements dans le domaine des infrastructures ou de la santé. Mais l’Arabie saoudite s’intéresse aussi aux secteurs des mines et de la pétrochimie et ne s’embarrasse pour cela pas de considérations démocratiques.

Ainsi, le Gabon, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, des Etats dirigés par des militaires putschistes, et qui possèdent d’importantes réserves de manganèse, de bauxite, d’or ou d’uranium, étaient présents au Forum de Riyad.

L’Arabie saoudite veut aussi profiter du faible développement de certains Etats africains, notamment des pays musulmans comme le Mali ou le Niger, qui sont à la recherche de financements en raison de l’impact des sanctions de la Cédéao.

L’Arabie Saudite est accusée d’esclavage moderne par des ONG de défense des droits humains. Toutefois, le traitement des migrants africains en Arabie Saoudite est régulièrement critiqué par les organisations de droits humains qui dénoncent notamment des cas d’esclavage moderne.

En août dernier, l’ONG Human Rights Watch avait aussi documenté des assassinats ciblés de migrants éthiopiens à la frontière entre le Yémen et l’Arabie saoudite.

V.A.