Le groupe armé antigouvernemental M23 a annoncé ce 30 janvier 2025 vouloir « rester » à Goma, la grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) qu’il a conquise ces 3 derniers jours avec les Forces rwandaises, et « continuer la marche de libération » jusqu’à la capitale Kinshasa.

La veille, le Président congolais Félix T. Tshisekedi a refusé de s’avouer vaincu alors que le M23 et ses alliés ne cessent de prendre du terrain à son Armée dans l’Est, assurant ‘qu’une riposte vigoureuse’ est en cours et mettant en garde contre le risque d’une escalade régionale incontrôlée. Coincée entre le lac Kivu et la frontière rwandaise, Goma, principale ville de l’Est de la RDC, est tombée ces derniers jours aux mains du M23 et des Forces rwandaises, qui contrôlaient déjà de larges pans de la province du Nord-Kivu, après une offensive de plusieurs semaines.
‘Nous sommes à Goma pour y rester’, a déclaré ce 30 janvier 2025 Corneille Nangaa, chef de la plateforme politico-militaire dont fait partie le M23, lors d’une conférence de presse dans la capitale du Nord-Kivu. Et ‘nous allons continuer la marche de libération jusqu’à Kinshasa’, capitale de la RDC, a-t-il ajouté. Alors que les combats ont quasiment complètement cessé, la ville pansait ses plaies, entre chaussées crevées par des impacts de mortiers et vitrines défoncées par les pillages, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Si les combats ont peu détruit de bâtiments, la situation humanitaire reste critique et internet, l’eau courante et l’électricité sont toujours coupés. ‘Il n’y a plus rien à manger, tout a été pillé‘, s’inquiète Bosco, un habitant qui refuse de donner son nom. ‘Nous avons besoin d’assistance urgemment‘.
-‘Tout a été pillé’ –
Les affrontements ont fait plus de 100 morts et près d’un millier de blessés, avaient indiqué mardi 28 janvier 2025 des hôpitaux de la ville. Les violences ont aggravé une crise humanitaire chronique dans la région où, selon l’ONU, plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis début janvier 2025. L’offensive éclair sur cette cité de plus d’un million d’habitants et presque autant de déplacés a suscité de nombreux appels à la fin des combats et au retrait des troupes rwandaises, de l’ONU aux États-Unis, de la Chine à l’Union Européenne, de l’Angola à la France.
Peu avant minuit mercredi 29 janvier 2025, le Président congolais Félix Tshisekedi, resté silencieux depuis le début de l’offensive sur Goma, s’est adressé à la Nation dans une allocution retransmise à la Télévision nationale. Reconnaissant ‘une aggravation sans précédent de la situation sécuritaire‘ dans l’Est, il a assuré ‘qu’une riposte vigoureuse et coordonnée contre ces terroristes et leurs parrains est en cours‘, en louant les Forces armées congolaises en dépit de leurs revers en série.
Condamnant ‘le silence et l’inaction‘ de la communauté internationale face à ‘la barbarie du régime de Kigali‘, il a mis en garde contre le ‘risque d’une escalade aux conséquences imprévisibles‘ dans la région des Grands Lacs. Mercredi 29 janvier, le M23 a ouvert un nouveau front vers le Sud en s’emparant, selon des sources locales, de deux villages de la province du Sud-Kivu, voisine de celle du Nord-Kivu.
© Afriquinfos & Agence France-Presse