Le groupe armé anti-gouvernemental M23 et les troupes rwandaises contrôlent ce 29 janvier 2025 la quasi-totalité de Goma, grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo, alors que le Président Félix Tshisekedi doit s’adresser à la nation avant la fin de la journée. Mardi, la crise avait soudain atteint la capitale, Kinshasa, située à l’ouest, à l’autre bout de l’immense pays-continent.
Des manifestants en colère y ont attaqué plusieurs Ambassades, dont celle du Rwanda, mais aussi de la France, de la Belgique et des États-Unis, pays critiqués pour leur inaction dans cette crise. Les États-Unis ont appelé leurs ressortissants à quitter la RDC, la Belgique a déconseillé d’y voyager et la compagnie aérienne Brussels Airlines a annulé sa desserte de Kinshasa ce 29 janvier 2025. Dans la capitale, plus tendue qu’à l’accoutumée, les autorités ont suspendu les manifestations après de nouveaux appels à descendre dans la rue.

Vincent Karega, ambassadeur itinérant du Rwanda pour la région des Grands Lacs, a ajouté à la pression mercredi en déclarant que le ‘M23 va continuer d’avancer dans l’Est de la RDC’, voire au-delà, et pourrait même aller prendre le pouvoir à Kinshasa. Le Pape François a appelé mardi 28 janvier 2025 à tout faire pour arrêter les hostilités dans la région. Tout comme l’ONU, les États-Unis, la Chine, l’Union Européenne et l’Angola, qui ont demandé au Rwanda de retirer ses troupes.
Kinshasa accuse Kigali de vouloir mettre la main sur les nombreuses richesses naturelles de l’Est de la RDC. Le Rwanda dément et dénonce la présence en RDC de groupes armés hostiles. La résurgence du M23 en 2021 a également été en partie nourrie par une autre rivalité stratégique, entre le Rwanda et l’Ouganda.
Mi-décembre 2024, une rencontre Tshisekedi-Kagame dans le cadre d’une médiation angolaise avait été annulée en dernière minute. M. Tshisekedi était venu mais pas M. Kagame. Le M23, qui contrôlait déjà de larges pans du Nord-Kivu, a ensuite continué d’avancer vers Goma.

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