Nigeria/Crue du fleuve Niger à Mokwa: Bilan humain plus lourd que les infos officielles

Afriquinfos Editeur
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Des bâtiments dévastés par les inondations massives à Mokwa, au Nigeria, le 1er juin 2025.

Les inondations soudaines qui ont frappé le Nigeria la semaine dernière après des pluies torrentielles ont fait plus de 200 morts, selon un nouveau bilan livré ce 03 juin 2025 par les autorités locales, tandis que des centaines de personnes sont toujours portées disparues.

Beaucoup de victimes ont été dénombrées à Mokwa, agglomération la plus touchée et dont un quartier a été rayé de la carte en quelques heures jeudi, 29 mai 2025 par des eaux de crue du fleuve Niger, dans l’Etat du même nom. « Nous avons plus de 200 corps », a déclaré Ahmad Suleiman le coordinateur humanitaire de l’Etat de Niger (centre-nord), à la chaîne Channels Television. « Personne ne peut dire à l’heure actuelle combien il y a de morts dans l’Etat du Niger, car nous sommes toujours à la recherche d’autres corps », a-t-il ajouté.

« On continue de chercher mais sincèrement, on ne peut être sûr de rien », a-t-il ajouté. De son côté, la SEMA (Agence de gestion des urgences) de l’État du Niger a fait état ce 03 juin d’un bilan de 159 morts.

– Climat et facteurs humains –

Les inondations ont été « causées par de fortes pluies dues à des conditions météorologiques extrêmes provoquées par le changement climatique », a indiqué Joseph Utsev (ministre nigérian de la Gestion des ressources en eau) dans un communiqué ce 03 juin 2025. Il a également mis en garde contre les « constructions non réglementées » et appelé les Gouvernements locaux à entretenir leurs canaux de drainage.

Depuis, volontaires et équipes de secours ratissent la zone sous une chaleur accablante, retrouvant parfois des corps jusqu’à 10 kilomètres de là. L’annonce du Coordinateur intervient après que le bilan officiel est resté bloqué à 150 morts, bien que des habitants déplorent pour certains la perte de plus d’une dizaine de membres de leur famille. Quinze des 36 Etats du Nigeria avait été placés en état d’alerte au risque de crues quelques jours avant la catastrophe.

Si le changement climatique amplifie les phénomènes météorologiques extrêmes au Nigeria,  pour les habitants de Mokwa, la tragédie est aussi liée à des défaillances humaines.

– Aide jugée insuffisante-

Des rescapés au milieu de débris de bâtiments dévastés par les inondations massives à Mokwa, au Nigeria, le 1er juin 2025.

Dans la ville, des eaux boueuses ont emporté des centaines de maisons, faute notamment d’entretien des buses aménagées pour évacuer les eaux de crue, et qui étaient obstruées par des débris le jour où l’eau est montée. En 2024, des inondations dans 34 des 36 Etats du pays avaient fait 321 morts. Lorsque des journalistes se sont rendus dans la ville en début de semaine, une forte odeur emplissait l’air, émanant des cadavres en décomposition, prisonniers des décombres selon les habitants.

Le Gouvernement nigérian assure avoir fourni de l’aide, mais sur place, les habitants s’estiment livrés à eux-mêmes et plusieurs familles ont déclaré à l’AFP n’avoir rien reçu. L’Agence nationale de gestion des urgences a expliqué ce 03 juin dans un communiqué qu’elle travaillait « sans relâche pour fournir une assistance immédiate aux habitants touchés ».

© Afriquinfos & Agence France-Presse