Nord-est du Nigeria: Maiduguri, capitale régionale sous les eaux, pire inondation depuis 30 ans

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Des habitants pataugent dans l'eau qui a inondé la ville de Maiduguri (Nigeria), le 10 septembre 2024.

Des pluies diluviennes, un barrage qui cède et une capitale régionale en partie submergée: à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, une inondation monstre a fait plusieurs morts et détruit des milliers de maisons, selon les autorités ce 10 septembre 2024.

Vue aérienne de maisons submergées par l’inondation à Maiduguri (Nigeria), le 10 septembre 2024.

Dans certains quartiers de la capitale de l’Etat de Borno, seules quelques toitures émergeaient des eaux mardi 10 septembre 2024. Une autruche, échappée du zoo de la ville avec d’autres animaux, a été vue errer dans les rues, selon des vidéos circulant sur les réseaux sociaux nigérians. Des milliers de maisons ont été submergées par la rapide montée des eaux provoquée par la rupture du barrage d’Alau, sur la rivière Ngadda, à 20 kilomètres au sud de Maiduguri. « Les maisons sont submergées, les écoles fermées et les entreprises paralysées, les gens évacuent avec leurs biens », a déclaré le bureau du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Nigeria, sur le réseau social X.

« Je n’ai jamais vu de telles inondations », a affirmé Mohammed Bashir, 44 ans, qui tient une boutique au marché de la ville.

Une femme chassée de chez elle par l’inondation transporte ses biens, le 10 septembre 2024 à Maiduguri (Nigeria).

Sauvetage

Maiduguri, épicentre d’une insurrection jihadiste qui dure depuis plus de quatorze ans, est selon le HCR touchée par l’une des pires inondations qu’elle ait connue depuis 30 ans. « Certaines parties du centre-ville qui n’avaient pas connu d’inondations depuis de nombreuses années sont touchées aujourd’hui », a confié ce 10 septembre Ezekiel Manzo, un porte-parole de l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA). La rupture du barrage causée par de fortes précipitations a fait plusieurs morts, selon M. Manzo, qui n’a pas donné de bilan plus précis, ajoutant que les opérations de sauvetage se poursuivent dans les zones touchées.

« Au cours des trois derniers jours, plus de 150.000 personnes et plus de 23.000 ménages ont été touchés » a déclaré Surajo Garba, coordinateur local de la NEMA, qui s’attend à ce que « ce chiffre dépasse largement les 200.000 personnes », au vu de l’ampleur des inondations. Le Vice-président nigérian Kashim Shettima, originaire de Maiduguri, s’est rendu sur place. « L’effondrement des déversoirs a libéré une importante vague d’eau en aval, provoquant des inondations généralisées dans les communautés environnantes », a-t-il expliqué. Les inondations étant encore « importantes dans de nombreuses parties de la ville », les autorités ont ouvert trois « abris temporaires » pour les victimes, a déclaré le porte-parole de la NEMA.

Le Président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a exprimé dans un communiqué ses « condoléances » aux « familles qui ont perdu leurs moyens de subsistance à cause du désastre ».

– Insécurité alimentaire –

Depuis le début de la saison des pluies dans le pays, les inondations ont fait 229 morts et forcé plus de 380.000 personnes à fuir, d’après la NEMA. Fin août 2024, le porte-parole de la NEMA a expliqué que le nord du pays a été particulièrement touché, mais que les régions centrales et méridionales pourraient être plus affectées dans les jours à venir. Au moins 107.600 hectares de terres agricoles ont également été endommagés par les violentes pluies, a déploré la NEMA.

Les dégâts dans les terres agricoles vont aggraver l’insécurité alimentaire au Nigeria, a averti l’ONG Save the Children la semaine dernière.

« Un enfant sur six au Nigeria a souffert de la faim entre juin et août 2024 de cette année, ce qui représente une augmentation de 25% par rapport à la même période l’année dernière », a déclaré l’ONG dans un communiqué. En 2022, plus de 500 personnes sont mortes et 1,4 million ont été déplacés lors des pires inondations que le pays ait connues depuis dix ans.

© Afriquinfos & Agence France-Presse