Niger: L’Opposition politique absente des ‘Assises Nationales’ planchant sur la durée de la Transition enclenchée en juillet 2023

Afriquinfos Editeur
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Le Général Tiani (Dr-Twitter)

Niamey (© 2025 Afriquinfos)- Au Niger, le général Tiani a signé ce 08 février 2025 un décret convoquant des ‘Assises nationales’ du 15 au 19 février prochain au Niger. Mais les partis politiques classiques du pays n’ont pas été conviés à ces rencontres. Ce qui soulève des critiques quant à la légitimité de ces assises.

Etant toujours suspendus, aucun des 172 partis politiques recensés au Niger n’est convié aux assises dont les travaux se dérouleront au sein de cinq sous-commissions baptisées « Économie et développement durable », « Refondation politique et institutionnelle » ou encore « Justice et droits de l’homme ».

L’objectif de ces rencontres est de définir les contours de la Transition au Niger. Avec 674 délégués soigneusement sélectionnés par les militaires, mais sans les partis politiques, suspendus depuis le coup d’État de juillet 2023, cette grande consultation suscite interrogations et enjeux majeurs.

Le décret signé par M. Tiani porte aussi la création d’une commission pour l’encadrer. Celle-ci sera présidée par un chef traditionnel, Mamoudou Harouna Djingarey, qui aura la lourde tâche de diriger les débats. Celui-ci sera accompagné d’un vice-président en la personne du colonel-major Maman Souley, l’actuel secrétaire général du ministère de la Défense. Il sera le seul militaire du bureau dans lequel on retrouve, pour le reste, des personnalités et des membres de la société civile favorables à la junte au pouvoir à Niamey.

Les délégués auront pour mission d’aboutir à un avant-projet de Charte de la Transition dans lequel ils devront formuler des recommandations. Le document pourrait notamment permettre d’en apprendre davantage sur la durée de la Transition. Lors de sa prise de pouvoir en juillet 2023, le général Tiani – qui attend le rapport final de cette grande réunion sur son bureau au début du mois de mars – avait alors indiqué qu’elle pourrait s’étaler sur trois ans. Les assises devront également se prononcer sur le fait de savoir s’il pourra, ou non, se présenter aux futures élections.

L’issue des assises devrait permettre de savoir si le général Tiani lui-même pourra briguer un poste lors des prochaines élections. Les conclusions de ces assises seront scrutées par la communauté internationale, qui a déjà exprimé ses préoccupations sur la trajectoire du Niger depuis le coup d’État. Un calendrier électoral précis et une limitation stricte de la Transition seraient des signaux rassurants pour un retour progressif à l’ordre constitutionnel.

Ces assises marquent une étape cruciale pour le Niger. Elles pourraient être l’occasion d’une réorganisation politique ambitieuse ou, au contraire, d’un renforcement du pouvoir militaire. Leur légitimité dépendra de leur capacité à inclure toutes les voix du pays et à garantir une Transition crédible et transparente.

V. A.