Mozambique: Le Parlement contesté en fonction depuis ce 13 janvier, les contestataires de Podemos décidés à ne pas baisser la garde

Afriquinfos Editeur
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Affiches électorales à Maputo, le 11 janvier 2025.

Le Parlement issu des élections contestées du 9 octobre 2024 au Mozambique a siégé pour la première fois dans une chambre en partie désertée par l’opposition ce 13 janvier 2024, nouveau jour de manifestation à l’appel du principal opposant qui considère ‘l’élection volée’.

Après des mois de manifestations violentes, le Frelimo, aux manettes du pays lusophone d’Afrique australe depuis son indépendance il y a un demi-siècle, espérait une accalmie cette semaine avec l’installation du Parlement, suivie de l’investiture ce 15 janvier 2025 de Daniel Chapo à la tête de l’Etat.

Mais l’opposant Venancio Mondlane, ‘Venancio’ comme l’appelle la rue, ne désarme pas, appelant à une ‘mobilisation pacifique’ pour refuser une nouvelle fois des résultats électoraux selon lui biaisés par des institutions électorales et judiciaires trop proches du pouvoir.

Des barricades de ses partisans restreignaient ce 13 janvier 2025 l’accès à la capitale Maputo aux rues largement vides, a constaté une équipe de l’AFP. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont fait au moins un mort parmi les manifestants dans la ville voisine de Matola, a indiqué l’ONG locale Centre pour la démocratie et les droits humains (CDD). Selon son propre décompte, Venancio Mondlane aurait obtenu 53% des voix à la présidentielle et serait le ‘président élu du peuple mozambicain’.

Selon les résultats confirmés avant Noël 2024 par la plus haute Cour du pays, le nouveau Parlement se compose ainsi: 171 pour le Frelimo, 43 pour Podemos, petit parti devenu la première formation d’opposition, ainsi que 28 sièges pour la Renamo, parti d’opposition historique issu de la guerre civile, et huit pour le MDM également de l’opposition.

La politique de la chaise vide, annoncée par la Renamo et le MDM, s’est matérialisée par des dizaines de sièges déserts devant les caméras de télévision ce 13 janvier 2025.

Pour la Renamo, cette cérémonie représente un ‘manque de respect à l’égard de la volonté des Mozambicains, privés d’élections libres, équitables et transparentes’, a expliqué dimanche 12 janvier 2025 son porte-parole Marcial Macome.

Malgré ce boycott, le Président élu Daniel Chapo a dit espérer ce 13 janvier 2025 une ‘excellente collaboration’ entre tous les ‘groupes parlementaires. L’appel que je voudrais lancer en ce moment, a-t-il ajouté devant les journalistes en arrivant à l’Assemblée, est vraiment la nécessité de maintenir la paix, la stabilité sociale, économique et politique dans notre pays’.

‘Les cinq prochaines années seront difficiles’, a jugé Dario Machava, 29 ans, un agent d’entretien qui rentrait chez lui à pied faute de transport en commun dans la capitale en ce jour de mobilisation. ‘Les intérêts du peuple seront marginalisés’, anticipe-t-il. Elton Carolina, également agent d’entretien, se montre plus optimiste: ‘Les gens vont exiger des choses de ces députés ayant pris leurs fonctions aujourd’hui’, prévient cet homme de 27 ans. Sans surprise, la candidate du Frelimo et ex-ministre du Travail Margarida Talapa, 62 ans, a été élue présidente du Parlement avec 169 voix.

Venancio Mondlane, ancien parlementaire et chroniqueur télé de 50 ans, est rentré au Mozambique jeudi 09 janvier 2025 après deux mois et demi d’exil, dans un lieu tenu secret, car il craignait pour sa sécurité après l’assassinat de deux de ses proches en octobre 2024.

– ‘Trois jours importants’-

Des milliers de partisans dans la capitale Maputo ont fêté son retour mais ces manifestations de joie se sont rapidement transformées en affrontements avec la Police antiémeute, faisant plusieurs morts. Depuis octobre 2024, les violences post-électorales – qui ont évolué vers une contestation plus globale du pouvoir et des dysfonctionnements de l’Etat dans ce pays fortement inégalitaire – ont fait quelque 300 morts, selon une ONG mozambicaine.

Ces troubles pèsent sur l’économie, en perturbant notamment les échanges avec l’Afrique du Sud voisine, affectant le ravitaillement en essence, les transports ou l’industrie. De lundi à mercredi, ‘ces trois jours sont importants pour décider ce que le peuple veut pour son avenir’, a affirmé tard samedi 11 janvier 2025 l’opposant, très suivi sur les réseaux sociaux.

‘Si l’Assemblée prête serment, c’est une trahison de la volonté du peuple’, avait-il dénoncé. Venancio Mondlane s’était présenté à l’élection présidentielle en cavalier seul, adossé au parti Podemos. A son arrivée à l’aéroport de Maputo jeudi 9 janvier 2025, il s’était dit prêt à dialoguer avec le pouvoir.© Afriquinfos & Agence France-Presse