Maroc : un nouveau gouvernement mis en place après six mois de blocage

Afriquinfos
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Rabat (© Afriquinfos 2017) –Un nouveau gouvernement dirigé par Saad-Eddine El Othmani a été formé mercredi au Maroc, avec une montée en puissance de libéraux ayant la confiance du Palais et la marginalisation des islamistes.

Les 39 ministres du cabinet ont été désignés par le roi Mohammed VI, a rapporté l’agence de presse officielle MAP.

La formation du gouvernement met fin à de très laborieuses négociations entre partis depuis les élections législatives du 7 octobre 2016, remportées par le parti islamiste Justice et développement (PJD) qui avait obtenu 125 sièges sur 395.

L’ancien Premier ministre Abdelilah Benkirane, également secrétaire général du PJD, avait été reconduit à son poste mais n’étant pas parvenu à former une majorité, le roi l’avait remplacé à la mi-mars par le numéro deux du parti, Saad Eddine El Othmani, 61 ans.

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La nouvelle majorité comprend le PJD, son allié du Parti du progrès et du socialisme (PPS, communiste), le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéraux), le Mouvement populaire (MP), l’Union constitutionnelle (UC) et l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

Au regard de son score électoral, le PJD a décroché relativement peu de ministères d’importance.

Il a obtenu les portefeuilles du Transport (Abdelkader Amara), de l’Energie et les mines (Aziz Rebbah), de l’Emploi (Mohammed Yatim) ou encore de la Famille (Bassima Hakkaoui), selon la liste publiée par la MAP.

Il n’obtient cependant pas l’important ministère de la Justice, qu’il voulait garder, ni plusieurs portefeuilles stratégiques qu’il convoitait.

Les ministères de souveraineté que sont les Affaires étrangères, l’Intérieur, la Défense et les Affaires islamiques, sur lesquels les partis n’ont traditionnellement pas leur mot à dire, seront dirigés respectivement par Nasser Bourita, Abdelouafi Laftit et Abdellatif Loudiyi (reconduit) et Ahmed Toufiq.

Le Rassemblement national des indépendants (RNI), un parti libéral arrivé pourtant quatrième au scrutin d’octobre avec 37 sièges, s’est vu, lui, attribuer des postes convoités, notamment les ministères du pôle économique (Economie, Industrie, Agriculture) qu’il continuera de diriger.

Son patron, Aziz Akhannouch, l’une des plus grosses fortunes du continent décrit comme un homme de confiance du Palais, a comme attendu été reconduit à son poste de ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime.

Contrer le PJD

C’est en raison des profondes divergences avec lui que M. Benkirane avait buté sur la constitution d’une majorité, M. Akhannouch multipliant notamment les conditions pour sa participation au gouvernement.

Psychiatre de formation, M. El Othmani a cédé aux exigences de M. Akhannouch, principalement la présence de l’USFP au sein de la nouvelle coalition, une question considérée jusqu’alors comme une ligne rouge par M. Benkirane et d’autres cadres du PJD.

Proche du roi, M. Akhannouch est considéré par une partie de la presse comme une courroie de transmission du Palais.

Innocente Nice