Mali : Choguel Maïga, le différend et la critique de trop à l’égard d’Assimi Goïta sur la route de la prochaine présidentielle ?

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L'ex-Premier ministre malien Chogel Kokalla Maïga (DR)

Bamako (©2024 Afriquinfos)- C’est la fin de l’idylle entre le chef du Gouvernement et les militaires au pouvoir au Mali. Après la sortie « osée » de Choguel Kokalla Maïga critiquant la direction que prend la transition, ce dernier a été démis de ses fonctions et l’ensemble du gouvernement dissout. Cet épisode n’est qu’une illustration de la crise latente entre le désormais ex-Premier ministre et la junte au pouvoir à Bamako. Ces tensions interviennent alors que des élections initialement prévues pour janvier 2025, ont été reportées sine die.

N’être un Premier Ministre que de nom, Choguel Kokalla Maïga n’en veut plus. Il l’a fait savoir, le samedi 16 novembre dernier lors d’un meeting populatire en commémoration de la prise de la ville de Kidal. « La transition était censée prendre fin le 26 mars 2024, mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du gouvernement » ; « le Premier ministre d’un pays ne peut pas apprendre dans les médias que les élections ont été reportées. C’est à la télé que les ministres ont appris que les élections ont été reportées » ; « Nous avons la patience stratégique… Certains ont pris cette patience comme de la faiblesse, or, nous sommes habitués à nous battre politiquement depuis 50 ans » ; « l’objectif de la conférence d’aujourd’hui, c’est de faire en sorte que tout le monde comprenne que, là où il y a des erreurs, qu’on se ressaisisse. Les Maliens n’accepteront jamais que ce qu’ils ont combattu revienne ». Voilà quelques morceaux choisis de la sortie du désormais ex-premier ministre malien.

En effet, en réaction à ces virulentes critiques, le pouvoir militaire a débarqué le leader du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). C’est via un décret présidentiel rendu public le que Choguel Maïga été « limogé en même temps que son Gouvernement ». 

Ce désaccord entre « CKM » et le pouvoir militaire incarné par le Général Assimi Goïta, était prévisible selon de nombreux analystes. L’ex Premier Ministre, s’est toujours érigé en défenseur de la Transition et du respect de sa durée. Il regrette notamment que la prolongation de ladite transition ait été décidée par les militaires au pouvoir sans aucune consultation que ce soit de lui, le Chef de gouvernement et encore moins les autres ministres. Ces élections devraient acter le retour au pouvoir des civils, mais ont déjà été maintes fois reportées.   

En face, on évoque des « problèmes techniques » pour expliquer le report de l’échéance électorale. Il se susurre que le Général-Président s’est déjà mis dans la peau d’un candidat à la présidentielle. Ses derniers déplacements ressemblaient à ceux d’un candidat en campagne. Son meeting « géant » organisé à Sikasso (sud) le 22 juin fut pour lui l’occasion d’appeler « tous les Maliens » à l’« union sacrée » autour de son autorité. En parallèle, le colonel président a inauguré plusieurs infrastructures attendues par les populations – un viaduc, un stade et un échangeur routier – et annoncé le lancement d’une campagne de distribution gratuite de 30 000 tonnes de céréales.

Aussi les prises de position de Choguel Kokalla Maïga, insistant pour le délai de la transition soit respecté et que le pouvoir soit rendu aux civils, contrecarrent ces plans. D’où sa mise à l’écart et maintenant son limogeage.

Assimi Goïta pour aller au bout de son idée, peut, comme le stipule la loi électorale qu’il a fait changer en 2022, qui dit qu’un militaire doit quitter l’armée au plus tard quatre mois avant le scrutin pour pouvoir se porter candidat à la magistrature suprême.

S.B.