Mali: 10è édition du Festival « Ogobagna » pour ne pas oublier la Culture dogon, malgré la crise sécuritaire

Afriquinfos Editeur
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Un homme membre de la communauté dogon participe à la cérémonie des masques lors de la 10è édition du Festival Ogobagna célébrant la culture dogon, à Bamako, le 1er février 2025.

Danse d’impressionnants masques et lutte traditionnelle: la 10è édition du Festival « Ogobagna » qui vient de s’achever à Bamako a rendu un vibrant hommage à la culture dogon du centre du Mali, région autrefois touristique mais rendue inaccessible depuis des années par la crise sécuritaire remontant à 2012.

Pendant une semaine et jusqu’à lundi 03 février, la culture dogon a été transportée en pleine capitale Bamako, avec la reconstitution d’un village traditionnel sur les berges du majestueux fleuve Niger. « Malgré la crise sécuritaire, nous avons tenu à organiser cette 10è édition pour promouvoir la culture dogon. Le centre du Mali où vivent les Dogons faisant face à des problèmes de sécurité, cette édition s’est, comme depuis quelques années, tenue à Bamako sur les rives du fleuve », a expliqué Pierre Adeye Togo, président de la Commission d’organisation de l’événement.

Le pays dogon est la principale région touristique du centre du Mali. Les Dogons sont un peuple de cultivateurs et de forgerons qui vivent notamment dans les falaises escarpées de Bandiagara difficiles d’accès. Ils sont également connus pour leur cosmogonie unique au monde, leurs sculptures et masques en bois, et leur architecture d’habitations en terre caractérisée notamment par leurs célèbres greniers à mil aux toits de chaume.

Placée sous le thème « Traditions africaines et modernité », la 10è édition du Festival « a été un franc succès, malgré quelques difficultés », a estimé Pierre Adeye Togo. Le moment phare de chaque édition reste le défilé des masques tutélaires du pays dogon.

« Mais pour cette année, il y a eu des innovations pour enrichir l’expérience du public », a indiqué Joseph Dougnon, membre de la Commission d’organisation. « En plus des activités traditionnelles, nous avons introduit de nouvelles épreuves comme la lutte traditionnelle, les courses de pirogues et un espace dédié aux enfants », dit-il. Le chef de la Transition malienne, le général Assimi Goïta, arrivé au pouvoir après un double coup d’Etat en aout 2020 et mai 2021, a proclamé 2025 comme « Année de la Culture ».

Cette annonce s’inscrit dans une stratégie pour redynamiser le tissu social, selon des analystes, alors que le pays est confronté depuis 2012 à une crise sécuritaire profonde nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, et de groupes criminels communautaires. Elle s’ajoute à une grave crise économique. Avec la participation d’artistes venus du Burkina Faso, du Niger, du Sénégal et de la Guinée, le Festival Ogobagna 2025 a pris une dimension sous-régionale.

« Nous devons en Afrique tout faire pour sauvegarder notre patrimoine culturel. C’est pourquoi malgré nos manques de moyens, nous avons tenu à être à Bamako pour l’événement », a témoigné auprès de la presse locale Ali Bangoura, jeune artiste guinéen venu de Conakry par la route.

Un homme membre de la communauté dogon participe à la cérémonie des masques lors de la 10è édition du Festival Ogobagna célébrant la culture dogon, à Bamako, le 1er février 2025.

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