Le Tchad va renouer avec une Assemblée légitime et élus locaux en décembre 2024

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Ahmed Barticheret, patron de l'ANGE (droits photo, RFI).

N’Djaména (© 2024 Afriquinfos)- Le Tchad va organiser ses élections législatives, provinciales et communales le 29 décembre 2024 avec son ancien fichier électoral, selon une annonce faite ce 20 août 2024 par le président de l’ANGE (Agence nationale de gestion des élections), Ahmed Barticheret  

Alors que les dernières élections législatives du Tchad remontent à février 2011, cette “série des élections à venir revêt une importance capitale, car elle permet de tourner définitivement la page de la Transition”, a souligné le responsable de l’Agence.

Selon le chronogramme fourni par l’Agence, les dépôts des candidatures auront lieu du 19 au 28 octobre 2024. La campagne électorale va elle, débuter le 7 décembre et prendra fin le 27 décembre. Les résultats provisoires seront proclamés par l’ANGE le 15 janvier 2025. Les scores définitifs seront publiés le 3 février 2025 par la Cour suprême, précise la même Agence. La publication de ce calendrier intervient cinq jours après la promulgation de la loi organique portant composition du prochain Parlement.

M. Barticheret a précisé que les raisons du couplage des élections sont d’ordre temporel et matériel et qu’il serait illusoire de penser mobiliser les moyens humains, financiers, techniques et matériels pour organiser successivement ces élections séparément. Il a ajouté que le couplage des élections est donc la seule possibilité qui s’offre à l’ANGE pour réduire les délais et les coûts.

Au regard des délais impartis pour mettre en place l’Assemblée nationale, les Conseils provinciaux et les Conseils municipaux, il est en outre techniquement impossible de réaliser un nouveau recensement devant engendrer un nouveau fichier électoral, rappelle M. Bartchiret. Cependant, l’ANGE entend mettre à jour la cartographie électorale pour tenir compte des réajustements opérés dans l’organisation administrative de ce vaste pays d’Afrique centrale. Le président de l’ANGE invite donc les acteurs politiques à se préparer à ces compétitions dans le respect de la Constitution et du Code électoral.

Pour Mahamat Zen Bada, secrétaire général du MPS, parti au pouvoir, les militants sont prêts: «Au sortir du dialogue, on nous a dit que la Transition était pour deux ans. Donc deux ans, c’est la fin de l’année 2024. Il faut absolument que l’on fasse un retour à l’ordre constitutionnel». Selon le pasteur Moyadé Narédoum, président du parti ADIL, le contexte politique et économique actuel du pays ne favorise pas l’opposition. «C’est une fuite en avant. Et moi, je crois que cela ne nous aide pas à aller dans la voie de la paix au Tchad.», a-t-il confié au confrère RFI.

La Société civile et l’Opposition fustigent

Pour la Société civile, ce calendrier n’est pas la bienvenue. Jean Bosco Manga, une de ses figures interpelle: «C’est une consécration au forceps, parce que l’on ne peut pas organiser de meilleures élections sans régler les questions u découpage [électoral] qui sont décriés jusque-là».

Pendant ce temps, le parti ‘Les Transformateurs’ de Succès Masra s’active pour une convention en septembre 2024 afin de préparer ces échéances électorales qui s’annoncent. Le Collectif de la Société civile contre l’injustice et l’inégalité et le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP) quant à eux, mènent une campagne du rejet de la dernière loi organique en date portant composition du Parlement.

L’Assemblée nationale devait être renouvelée en 2015, mais elle a vu son mandat être prorogé par une loi constitutionnelle et l’échéance des législatives être repoussée en raison de la menace djihadiste, puis de difficultés financières, de l’épidémie du coronavirus et enfin la période de Transition.

Toutefois, un Parlement de Transition (Conseil national de la Transition, composé de 93 membres) avait été «désigné» par décret présidentiel en 2021.

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