Le Tchad et le Soudan s’écharpent à nouveau au sujet de l’appui des Emiratis aux FSR

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Soudan: Khartoum accuse les Émirats et le Tchad d'ingérence «directe et claire» (DR-Rfi)

Khartoum (© 2024 Afriquinfos)- l’Armée soudanaise accuse depuis plusieurs mois le Tchad de laisser transiter sur son territoire des armes à destination des paramilitaires (Forces de soutien rapide, FSR) du général Hemedti. Dans la même foulée, une enquête menée par l’agence de presse Reuters, a révélé que des douzaines d’avions en provenance des Émirats arabes unis ont en effet atterri ces derniers mois à Amdjarass au Tchad. Ce que N’Djamena dément toujours. 

Selon le média,  l’aéroport se trouve à 50 km de la frontière avec le Soudan. Il est souvent cité comme étant utilisé pour des livraisons d’armes dans la région.

La même source souligne qu’au moins 86 avions provenant des Émirats arabes unis ont atterri à Amdjarass depuis le début de la guerre au Soudan, il y a 18 mois. L’agence de presse s’appuie sur l’analyse de données de vols ainsi que d’images satellites.

 Les Nations Unies soupçonnent les Émirats arabes unis d’utiliser cet aéroport d’Amdjarass pour acheminer des armes à l’un des belligérants au Soudan : les paramilitaires des Forces de soutien rapide du général Hemedti.

Outre N’Djaména, Abou Dhabi a toujours nié ces accusations, et affirme utiliser cet aéroport – dans le nord du Tchad – pour livrer de l’aide humanitaire à son hôpital de campagne dans la région. Rien ne permet de dire avec certitude quelle était la cargaison de ces 86 vols – recensés par Reuters – principalement des avions cargo. Mais selon l’agence de presse, la moitié des vols ont été opérées par quatre compagnies aériennes – basées au Kirghizstan et en Ukraine –  déjà accusés par l’ONU de transport d’armes vers la Libye – en violation d’un embargo de l’ONU.

Le Tchad et les Émirats arabes unis ont été accusés à plusieurs reprises de s’être impliqués directement dans le dossier soudanais ; alors qu’ils ont toujours nié leur implication, même si cela a été notifié dans des rapports des Nations unies.

Khartoum a dénoncé une ingérence dans les affaires soudanaises « directe et claire » de la part des Émirats arabes unis et du Tchad voisin. Dans un développement inédit depuis le début de la guerre en avril 2023, le ministère de la Défense soudanais hausse le ton et menace d’y répondre. Le Gouvernement soudanais, soutenu par l’armée, a accusé le 2 décembre les paramilitaires qu’il combat d’avoir lancé des drones assemblés aux Émirats arabes unis depuis le Tchad voisin.

Ces drones de fabrication tchèque utilisés pour la première fois le 24 novembre 2024, ont été assemblés à Abou Dhabi avant d’être acheminés vers le Tchad pour frapper l’armée soudanaise à partir d’un aéroport tchadien situé près de la frontière.

Ces « drones stratégiques » porteurs de missiles ont visé les sites militaires de l’armée à Omdourman. Six missiles ont été lancés, a affirmé un cadre du ministère soudanais de la Défense. Ces drones s’appuient sur des satellites pour lancer des missiles dirigés. Ils ont depuis été utilisés à plusieurs reprises à Khartoum et à El-Fasher, toujours selon le gouvernement soudanais.

Selon le ministre soudanais de l’Information et de la Culture, Khalid Ali Aleisir, le gouvernement soudanais a considèré que c’est une attaque « directe » d’Abou Dhabi et de Ndjamena «contre le Soudan et son peuple», a-t-il dit. Quant au ministre de la Défense, Yassin Ibrahim Yassin, il a considéré que c’est un acte «ennemi» affirmant que le Soudan «se réserve le droit d’y répondre au moment opportun».

La guerre qui oppose les FSR à l’armée régulière soudanaise dure depuis près de 19 mois.

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